À PARTIR de la cinquantaine, les altérations des fonctions cognitives sont inéluctables, même si elles touchent inégalement les individus. C’est la mauvaise nouvelle, connue de tous. La bonne, c’est que ces atteintes peuvent être retardées et, pour nombre d’entre elles, compensées. « Chacun peut espérer influer sur la réserve cognitive dont il dispose », souligne le Centre d’analyse stratégique. L’organisme, créé en 2006 pour aider le gouvernement dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques, ébauche ainsi une stratégie de promotion en santé cognitive. De l’enfance au grand âge, en insistant, c’est le grand débat actuel, sur l’activité professionnelle et le vieillissement de la population active.
Préservation ou usure.
Car le travail peut être facteur de préservation comme d’usure cognitive. Selon l’étude européenne SHARE (Survey on Health Ageing and Retirement in europe), garder une activité professionnelle permet de différer le vieillissement cognitif d’environ 1,3 année. Et – argument pour la réforme Sarkozy –, dans les pays où la retraite est à 65 ans, les capacités des personnes âgées sont mieux préservées que dans les pays où elle est plus précoce. D’autres études mettent, elles, l’accent sur l’usure psychique au travail. VISAT (Vieillissement, Santé, Travail) montre par exemple les effets négatifs sur les capacités mnésiques de l’exposition à un stress prolongé et à des horaires atypiques.
Il faut donc, selon le CAS, intégrer la dimension « santé cognitive » dans les débats sur la pénibilité et l’âge de départ à la retraite, en tenant compte des effets différenciés du maintien dans l’emploi sur la cognition selon le contenu du travail et les conditions de son exercice. Il faut aussi « créer des environnements capacitants », qui permettent aux plus âgés de valoriser leurs savoir-faire, organiser le travail pour mieux préserver la cognition (plages de récupération pour les personnes travaillant la nuit, environnements calmes, pression temporelle moins forte, etc.). La nouvelle loi incitant à développer des plans d’action seniors peut être utilisée en ce sens.
Mais sa réserve cognitive, c’est dès l’enfance qu’il faut la constituer. Grâce à l’école : le niveau d’études est le premier facteur de protection contre le vieillissement cognitif, surtout en ce qui concerne la mémoire et les tâches les plus complexes. On va ensuite la développer à chaque période de la vie et la préserver avec une bonne hygiène de vie, alimentation et activité physique surtout. Sans oublier les activités sociales. Elles seront utiles à la soixantaine, quand le vieillissement se combine avec le départ à la retraite, association qui peut donner lieu à un sentiment de perte de statut social et de dévalorisation, nocif pour les capacités cognitives.
« Care deficit ».
Au grand âge, lorsque les conséquences du déclin naturel sont accrues par l’ampleur des atteintes pathologiques, le problème se pose bien sûr différemment. C’est celui du manque de personnel spécifique. Un « care deficit » est redouté et le CAS prône la mise en œuvre de formations spécifiques et la valorisation de la spécificité du travail d’aide auprès des personnes âgées. « D’une manière plus générale, écrit-il, ouvrir la parole sur la réalité des déclins cognitifs dans l’âge serait profitable tant au grand public qu’aux personnels spécialisés en modifiant le regard qu’ils portent sur les seniors. ».
* Note de veille n° 179, juin 2010, www.strategie.gouv.fr.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024