La maquette du DES de médecine générale – incluant la controversée 4e année d'internat – a enfin été actée dans un arrêté publié au « Journal officiel » le 9 août. Pourtant officialisée en décembre dernier, il aura donc fallu huit longs mois pour que les futurs généralistes soient fixés sur les modalités de cet allongement de leur formation. Enfin presque… Dans les faits, plusieurs points cruciaux restent en suspens alors que la réforme doit se mettre en place dès cette rentrée universitaire. Quelque 3 600 internes de médecine générale par an seront concernés.
L'accouchement est donc difficile. « Contrairement à ce qui a été préconisé dans le rapport sur la création de cette 4e année remis le 12 juin, l’arrêté (relatif à la nouvelle maquette, NDLR) est paru seul, alors que des textes complémentaires sur cette année supplémentaire devaient paraître en mai 2023 », a aussitôt critiqué Jeunes Médecins fin août, citant la rémunération et le futur statut de « docteur junior » (qui existe déjà dans les autres spécialités que la médecine générale).
Insertion professionnelle
Cette nouvelle maquette du DES précise du moins le contenu de cette nouvelle « phase de consolidation » (ou phase 3), qui sera divisée en deux semestres.
Concernant les enseignements (hors stages), le volume horaire prévoit deux demi-journées par semaine (une en supervision, l'autre en autonomie) avec des modules variés : travaux d'écriture clinique, groupes d'échanges de pratique territoriaux (GEPT), ateliers de simulation pouvant faire appel à des patients experts/enseignants, ateliers pratiques d'entrée dans la vie professionnelle (gestion d'un cabinet, management, fiscalité, éthique médicale) ou encore ateliers de gestion des urgences au cabinet et en PDS-A.
Durant cette dernière année d'internat, l'étudiant est censé consolider ses connaissances acquises, par exemple sur l'organisation du système de santé, les parcours, les modes d’exercice et modèles de rémunération, le fonctionnement de la PDS-A, l'éthique, les principaux enjeux liés à la fin de vie ou à la protection des données de santé. L'étudiant prépare également son insertion professionnelle, peut-on lire.
Deux stages ambulatoires et PDS possible
Côté pratique, l’interne en fin de cursus devra donc effectuer deux stages d’un semestre en secteur ambulatoire (cabinet libéral, MSP, etc.) de niveau 3, sous un régime d'autonomie supervisée. Ils devront « être accomplis auprès d’un ou plusieurs praticiens maîtres de stage des universités agréés en médecine générale », précise l’arrêté. « Pour répondre à l’objectif de mieux former les étudiants au suivi des patients atteints de maladies chroniques, et au souhait que la 4e année soit ancrée dans le territoire, la poursuite du premier stage ambulatoire durant le semestre suivant se fera par reconduction après accord des deux parties », lit-on. Pour autant, les futurs généralistes doivent pouvoir bénéficier le cas échéant de deux stages distincts, en cas de mésentente professionnelle ou de mauvaises conditions initiales par exemple.
Sans rendre la permanence des soins obligatoire, le stage permet au docteur junior d'y participer « lorsque son MSU et/ou le médecin thésé en charge de la supervision y participent également ». Surtout, le ministère souligne que les internes seront seulement « incités » (et non pas forcés) à réaliser ces stages de quatrième année dans les zones sous-denses.
Si les grandes lignes sont établies, Florie Sullerot, présidente de l'Isnar-IMG (syndicat des internes de médecine générale), estime que le flou subsiste. « Le ministère n'a toujours pas publié l'arrêté sur la convention type de stage, pointe-t-elle. Ce texte est censé régir l'aspect fonctionnel des stages et les conditions dans lesquelles les internes travailleront (matériel à disposition, consultations minimum et maximum par jour, etc.) ».
À l'hôpital par dérogation
Le gouvernement a souhaité conserver une certaine souplesse pour cette année supplémentaire. Par dérogation et dans le cadre d’un projet professionnel défini, l’étudiant pourra « demander à accomplir un stage en secteur hospitalier ou en secteur extra-hospitalier (…) » à la place d’un des deux stages ambulatoires de niveau 3, avec l'aval des autorités universitaires. Sur le papier, le semestre pourra ainsi être réalisé en établissement, en centre de santé, dans un service de PMI ou de planification familiale.
La concertation sur la 4e année se poursuivra dès ce mois de septembre, assure le gouvernement. Une façon de déminer le terrain alors que les syndicats étudiants redoutent l'application précipitée de la réforme. L'Isnar-IMG réclame toujours son report. « Malgré la parution de la maquette, cette réforme est loin d'être prête », recadre Florie Sullerot, qui craint même un « recul des étudiants qui choisissent médecine générale ». L'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) déplore elle aussi la « sortie très tardive » de la maquette. Pour son président Jérémy Darenne, « certains étudiants ont eu peur de devoir choisir sans avoir tous les éléments nécessaires pour prendre une décision éclairée ».
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