À l’approche de la journée mondiale de l’obésité le 4 mars, la Haute Autorité de santé (HAS) publie une mise à jour de son guide du parcours de soins du surpoids et de l’obésité chez l’adulte, incluant de nouvelles recommandations sur la prise en charge pré et post-chirurgie bariatrique.
En France, 4 % des enfants et adolescents de 6-17 ans et 17 % des adultes (8,5 millions) sont en situation d’obésité. L'impact de cette maladie chronique sur la qualité de vie et les comorbidités (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires…) est considérable. L'obésité réduit l’espérance de vie et peut constituer un handicap majeur dans le quotidien des patients. L’objectif de ce guide actualisé : mieux prévenir la pathologie et personnaliser les soins et l’accompagnement des personnes.
Mieux repérer le surpoids et l'obésité, lutter contre les discriminations
La HAS insiste d'abord sur la nécessité de dépister à toute occasion : « Tout motif de consultation médicale peut être une occasion de dépister un surpoids ou une obésité (…). Les consultations médicales de prévention gratuites proposées à l’âge de 25 ans, 45 ans et 65 ans (accessibles depuis janvier 2024) contribuent également au dépistage du surpoids et de l’obésité, ainsi que l’examen de prévention en santé pour les jeunes (16 à 25 ans) en situation de précarité, d’invalidité ou de handicap sans suivi médical régulier ». Ces consultations permettent d'échanger, avec l'accord du patient, sur son mode de vie et son ressenti, tout en valorisant les comportements en faveur de la santé et en recherchant les déterminants de la prise de poids.
En cas de surpoids ou d'obésité avérés, le médecin doit expliquer le diagnostic, évaluer le mode de vie et le retentissement de la maladie, repérer les vulnérabilités du patient (psychologiques, sociales, familiales, professionnelles) et proposer, si nécessaire, un accompagnement personnalisé et pluriprofessionnel. Le plan de soin doit être co-construit avec le patient et gradué selon sa situation individuelle : surpoids ou obésité sans complications, dite non complexe ; obésité dite complexe ; obésité dite très complexe.
La lutte contre la stigmatisation occupe une place de choix dans cette nouvelle mouture du guide dédié au parcours de soins. « La stigmatisation, on doit la repérer dans notre pratique professionnelle », souligne le Pr Pierre-Louis Druais, médecin généraliste, vice-président de la commission recommandations, pertinence, parcours et indicateurs (CRPPI) de la HAS, précise-t-il. De fait, un patient stigmatisé sera moins engagé et risque, à terme, de renoncer aux soins.
Chirurgie bariatrique : vers une surveillance resserrée
Le document de la HAS précise, en outre, les modalités d'organisation de la chirurgie bariatrique, le traitement de dernier recours de l'obésité. Aujourd'hui, après ce type d'intervention, un patient sur deux est perdu de vue à deux ans. Pour éviter la rupture de soins, la HAS insiste sur une préparation minimale à la chirurgie de 6 mois en lien avec le médecin spécialiste de l'obésité et dans le cadre d'une concertation pluriprofessionnelle. Après la chirurgie, le guide de la HAS prévoit quatre périodes pour évaluer l'état de santé globale du patient :
- une évaluation rapprochée la première année : consultations à 1 mois avec le chirurgien et, si besoin, le médecin spécialiste de l’obésité, à 3, 6 et 12 mois avec le médecin spécialiste de l’obésité et/ou chirurgien ou infirmier en pratique avancée (IPA) avec compétence élargie, et consultations avec psychologue ou psychiatre et/ou addictologue si besoin. Sont aussi prévues des séances régulières avec l’équipe de soins à 1 mois, 3 mois, 6 mois et 12 mois (diététicien, professionnel de l'activité physique adaptée, kinésithérapeute, ergothérapeute, psychomotricien, socio-esthéticien, chirurgien-dentiste, travailleur social, médecin du travail );
- la 2e année (à 18 mois et à 24 mois), une alternance du suivi entre l’équipe spécialisée et le médecin généraliste ou l’infirmier de pratique avancée, doit être mise en place;
- à partir de la 3e année, est prévu un espacement du suivi spécialisé à 3 ans et à 5 ans, avec un suivi spécifique tous les 6 mois par le médecin généraliste ou l’IPA;
- après la 5e année, un suivi spécifique à la chirurgie bariatrique doit intervenir tous les 3 à 5 ans tandis que le médecin généraliste doit assurer un suivi annuel à vie de l’état de santé.
« En matière de prise en charge de l'obésité, il faut assurer un continuum de soins, notamment entre la ville et l'hôpital. Nous devons clarifier davantage le parcours des patients en obésité et en situation de handicap, ou ayant une obésité de cause rare », précise Lionel Collet, président de la HAS. Le parcours de soins spécifique à l’enfant et à l’adolescent a, quant à lui, été mis à jour en 2023. « Nous préparons également une fiche dédiée à la prise en charge de la femme en surpoids ou en obésité, des recommandations sur le risque cardiovasculaire et nous sommes en train d'actualiser les travaux sur la prise en charge du diabète de type 2 », conclut-il.
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