Dans quelle mesure un accompagnement nutritionnel en ligne pourrait-il aider des personnes en situation de surpoids et d’obésité ? Tel est l’objectif de l’étude Obecoach que lance l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), en partenariat avec l’Inserm et Université Paris-Cité.
« Tout le monde parle de santé connectée. Mais c’est la première étude scientifique, inscrite dans le cadre d’un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) financé par le ministère de la Santé, qui propose d’évaluer rigoureusement un programme de coaching sur une longue durée, un an », explique le Pr Boris Hansel au Quotidien.
Fondé sur les recommandations de bonnes pratiques
L’équipe nutrition hospitalo-universitaire de l’hôpital Bichat Claude-Bernard AP-HP et Université Paris Cité, dirigée par le Pr Boris Hansel, par ailleurs co-directeur du centre de responsabilité santé connectée avec le Pr Patrick Nataf, utilise déjà depuis plus d’un an et demi Obecoach. « Il ne s’agit pas d’un programme d’amincissement, ni d’une application de régime qui changerait la vie des gens. C’est un accompagnement nutritionnel global, semi-automatisé, qui repose sur les recommandations de bonnes pratiques », en particulier celles de la Haute Autorité de santé (HAS), précise-t-il.
Obecoach ne dispense pas de suivi individuel à travers des consultations personnalisées. Il propose des ressources (textes, vidéos, quiz) sur la nutrition et l’activité physique, qui se déclenchent en fonction des réponses du patient, ainsi que des rendez-vous réguliers en visio ou des lives assurés par l’équipe de Bichat. « Une dimension humaine capitale, même si les rendez-vous ne sont pas individuels », souligne le Pr Hansel. Enfin, un support technique est prévu pour aider le patient à se servir de toutes les dimensions de l’outil.
« Côté activité physique, nous proposons des choses réalistes et surtout efficaces conformément aux recommandations de la HAS pour la prise en charge de l’excès de poids » complète Chloé Ogorek, enseignante en activité physique adaptée de l’équipe.
Un complément, pas une alternative
L’étude, dont les inclusions ont commencé le 2 janvier, a pour objectif de recruter 350 volontaires dans toute la France. La moitié bénéficiera d’Obecoach, l’autre, des outils déjà existants (et à la fin de l’étude, de la version finalisée du dispositif). Sont ciblées des personnes en situation d’obésité ou en surpoids avec une comorbidité pouvant être améliorée par la perte de poids (prédiabète ou diabète, hypertension artérielle, apnées du sommeil…).
Autre condition : il ne faut pas bénéficier d’un suivi nutritionnel spécialisé (ou envisager un tel suivi dans l’année). « Le gold standard reste un suivi de proximité, mais il n’est malheureusement pas accessible à tous. Obecoach n’est pas une alternative à une prise en charge pluridisciplinaire : il se veut un outil complémentaire, surtout pour ceux qui n’y ont pas accès », indique le Pr Hansel. « Les déserts médicaux, le manque de temps des médecins généralistes, l’absence de remboursement des diététiciens, des enseignants en activité physique et des psychologues sont autant de freins à la prise en charge des patients qui sont souvent volontaires pour être aidés », poursuit-il.
Plus globalement, Obecoach s’intéresse à deux des quatre volets du traitement de l’obésité : la conscience nutritionnelle (perception de ce qu’on mange) et l’organisation du mode de vie, impliquant l’activité physique. Il ne joue pas sur l’appétit (contrairement à la chirurgie, aux techniques endoscopiques, aux médicaments comme les analogues de GLP-1 qui ont le vent en poupe), ni sur les troubles du comportement alimentaire qui nécessitent une prise en charge spécifique.
Les résultats de l’étude sont attendus dans 18 mois au plus tôt. Si l’efficacité du programme est attestée, il pourrait candidater à un remboursement par l’Assurance-maladie pour être déployé à large échelle.
Renseignement et inscriptions : obecoach.fr
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