Une réduction du débit sanguin cérébral survient chez nombre de patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Des chercheurs français et américains sont parvenus à restaurer un débit quasi normal et à améliorer les performances cognitives chez la souris. Ces résultats sont publiés dans « Nature Neuroscience ».
« Nous pensions jusque-là que la réduction du débit sanguin cérébral était un événement tardif, conséquence de l'accumulation de plaques amyloïdes et de la mort neuronale. Avec cette étude, nous montrons qu'il s'agit d'un phénomène précoce », indique au « Quotidien » Sylvie Lorthois, chercheuse CNRS et co-auteur de l'étude.
En étudiant deux types de souris modèles de la maladie d'Alzheimer, les chercheurs ont mis en évidence le rôle des neutrophiles : ceux-ci semblent en grande partie responsables de la réduction du débit sanguin cérébral via l'obstruction des vaisseaux capillaires cérébraux.
Restauration de la mémoire à court terme
Partant de ce constat, les chercheurs ont ensuite injecté aux souris un anticorps dirigé contre Ly6G, un marqueur présent à la surface des neutrophiles. Résultat : l'occlusion des vaisseaux par les neutrophiles est inhibée, ce qui permet de restaurer, au moins partiellement, le débit sanguin cérébral. Cet effet s'accompagne d'une amélioration de la mémoire à court terme.
Le mode d'action des neutrophiles n'a pas été déterminé. « Nous pensons que lorsque le marqueur se lie aux récepteurs des neutrophiles, il les empêche d'adhérer à la paroi des cellules endothéliales qui recouvrent les vaisseaux capillaires. De plus, ces récepteurs semblent impliqués dans des phénomènes inflammatoires », explique la chercheuse.
Prendre en compte le risque d'effets indésirables
Par ailleurs, des simulations numériques ont montré que ce phénomène pourrait être transposable à l'homme. Sylvie Lorthois précise toutefois : « pour que ces résultats soient transposables, il faut que les neutrophiles adhèrent aussi aux capillaires humains, ce que nous n’avons pas démontré pour l’instant. Si tel était le cas, nous avons montré que cela entraînerait une baisse de débit similaire ».
Ces résultats semblent représenter une piste thérapeutique intéressante. Toutefois, les traitements chez l'homme devront prendre en compte le risque d'effets indésirables qu'engendre le fait de cibler ces globules blancs.
« Alors qu'aucun traitement n'est aujourd'hui capable de modifier l'évolution de la maladie et que les industriels se désengagent, il est important d'explorer toutes les hypothèses pour faire avancer la recherche », conclut Sylvie Lorthois.
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