Théâtre, rire, musique…

Alzheimer : des ateliers pour stimuler les patients

Publié le 14/04/2016
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Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) (1), « la stimulation cognitive fait partie des techniques de prise en charge non médicamenteuses des patients atteints de la maladie d’Alzheimer (MA) et de syndromes apparentés (voir encadré). Il s’agit d’une approche pédagogique globale, cognitive, psychologique et sociale qu’il faut adapter à chaque profil patient ».
« Ces patients âgés à domicile ou en institution gagnent à être stimulés, explique le Dr Laurence Hugonot-Diener*(psycho-gériatre, hôpital Broca, Paris). En effet, le trouble du comportement le plus fréquent dans ces populations est l’apathie qui entraîne un manque souvent total d’initiative. »
 

Stimuler les régions encore opérantes afin de compenser les déficits

Des ateliers de stimulation cognitive (mémoire, réminiscence, lecture de conte, revue de presse, atelier d’écriture de chanson…), mais aussi de stimulation psychomotrice (gymnastique douce, tai-chi…), sensorielle (musicothérapie, atelier goût…), créant du lien social (danse, promenade, sorties), ont été conçus. Une étude prospective qui a été à l’origine des ateliers mémoire avait montré que c’était l’âge de l’arrêt du travail obligatoire, ou de la retraite, et non l’âge chronologique qui constituait un facteur de risque de déclin cognitif (2).

« Quand la parole devient difficile, certains ateliers visent à solliciter les neurones miroirs impliqués dans la cognition sociale, notamment dans l’apprentissage par imitation, mais aussi dans les processus affectifs, tels que l’empathie, et les processus émotionnels, indique la spécialiste. L’objectif principal de cette démarche est de préserver l’autonomie dans les activités de la vie quotidienne. »
Il peut alors s’agir d’ateliers théâtre, d’ateliers rire…

L’objectif est de ralentir la pente du déclin en sollicitant de manière appropriée les capacités cognitives et psychosociales préservées et permettre ainsi au malade de conserver plus longtemps une certaine autonomie, une activité sociale et de lui redonner confiance et estime de soi.

La stimulation cognitive peut être proposée aux stades légers de la maladie d’Alzheimer et jusqu’au stade modéré dans certains troubles dégénératifs focaux. Elle ne se conçoit qu’individuellement ou en petits groupes homogènes. Cette prise en charge ne peut être réalisée que par un personnel spécialisé.
 

Stimulation non verbale, place de la musicothérapie

Dans le cadre de la stimulation non verbale, la musicothérapie occupe une place importante.
Comme le rappelle Laurence Hugonot-Diener, « la musicothérapie réussit à activer les capacités résiduelles du cerveau musical de patients atteints de maladie d’Alzheimer modérée à sévère ».
Le Pr Hervé Platel (INSERM, Caen) a mené des recherches dans ce domaine particulier : il a montré chez ces patients une dissociation évidente entre une capacité conservée à mémoriser une mélodie alors que la capacité à mémoriser un texte, une phrase est complètement effondrée.

Comment expliquer cet effet dissociatif ?
Les études de neuro-imagerie ont montré que la mémoire de la musique engageait beaucoup plus largement le cerveau, tant l’hémisphère gauche que droit ; la différence la plus marquante du point de vue structural, c’est-à-dire la différence de densité en neurones dans le cerveau, est retrouvée dans les régions hippocampiques, l’hippocampe étant une zone clé dans la mémoire.

« L’enjeu de tout atelier thérapeutique, qu’il soit dans le domaine cognitif et/ou sensoriel, explique le Dr Hugonot-Diener, est de positiver l’ensemble des fonctions cérébrales. Ces initiatives sont bénéfiques sur le plan cognitif, comportemental (réduction des manifestations agressives, des agitations, des épisodes anxieux et dépressifs) et sur le plan de la vie quotidienne (autonomie). Ces ateliers aident également les aidants qui sont également souvent en souffrance. »

Dr Sylvie Le Gac


* www.geriatrieonline.com/
(1) Haute Autorité de santé (HAS). Recommandations professionnelles. Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées. Mars 2008. www.has-sante.fr
(2) Israël L et al. Les troubles de la mémoire chez la personne âgée. Revue de Gériatrie 1979 ; 4-9 : 472-3.
(3) Bruno Dubois et al. Preclinical Alzheimer’s disease : definition, natural history, and diagnostic criteria. Alzheimers Dement 2016 ; 12 : 292-323.



 


Source : lequotidiendumedecin.fr