La stimulation cérébrale profonde (SCP) a été inventée il y a 30 ans par les équipes de Neurologie et de Neurochirurgie du CHU de Grenoble. Une invention réalisée en collaboration étroite avec la société Medtronic qui en adaptant ses sondes de stimulation cardiaque a permis son application en pratique clinique.
Des indications croissantes
Dès 1987 cette technique fait ses preuves dans le traitement des tremblements associés à la maladie de Parkinson (1). Elle sera ensuite appliquée à d'autres tremblements.
Au début des années 90, en passant à la stimulation du pallidum interne, on a pu contrôler les dyskinésies induites par la L Dopa chez les parkinsoniens en phase avancée (2). Cette SCP du pallidum a été par la suite appliquée à d’autres types de dyskinésies: dystonies, syndromes de Gilles de la Tourette et syndromes choréiques.
En revanche, c’est plus récemment que l'on a exploré la stimulation du noyau subthalamique (anciennement appelés corps de Luys). "Cette stimulation subthalamique s'avère très intéressante pour lutter contre l’ensemble des dysfonctionnements induits dans la maladie de Parkinson par le déficit en L Dopa. À tel point que chez les malades atteints d'une forme purement motrice - environ 20% des parkinsoniens - l'implantation peut parfois permettre l'arrêt du traitement par L Dopa. Sans pour autant bien sûr, même si les effets moteurs sont pérennes dans ces formes purement motrices, bloquer la progression de la maladie" résume Marc Vérin (Neurologue, CHU de Rennes). L’intervention est désormais proposée de façon plus précoce. "En effet, plus on opère tôt, meilleurs sont les résultats sur les fluctuations et la qualité de vie, comme l'a confirmé en 2013 une vaste étude franco-allemande "EarlyStim" avec un suivi de 2 ans (3)" explique Marc Vérin.
Cotation de suivi simple dédiée en neurologie libérale
La progression du nombre de patients opérés/implantés a fait exploser la taille des cohortes à suivre. Du coup, ce suivi pèse de plus en plus lourd en termes d'activité dans les centres de référence, alors que ceux-ci sont dédiés aux implantations (neurochirurgiens) et aux réglages fins des paramètres de stimulation pour en optimiser l'efficacité (neurologues cliniciens). C'est pourquoi "nous avons demandé depuis plusieurs années une cotation dédiée aux autorités de santé. Elle a enfin été avalisée en 2016".
Les neurologues sont donc désormais rémunérés pour ce "suivi simple" qui se limite à vérifier tous les 6 mois le bon fonctionnement de la SCP. "Il faut en effet être bien clair. hors centre de référence, un clinicien n'est pas appelé à faire autre chose que - primo vérifier l'intégrité du circuit et - secundo dépister un problème technique évoqué par les symptômes et/ou les plaintes du patient. Tout dysfonctionnement impose un retour du patient au centre de référence".
Nous avons d'ailleurs très vite après l'introduction de cette cotation développé dans notre région, en Bretagne, des collaborations avec les neurologues libéraux. D'autres centres vont très probablement s'y mettre dans le futur.
"L'engagement des libéraux nous est indispensable. Elle permettra aux centres de continuer à se consacrer à leur mission en opérant de nouveaux patients, le suivi de proximité étant assuré par les neurologues formés" conclut Marc Vérin.
D'après un entretien avec le Pr Marc Vérin, chef du service de Neurologie du CHU de Rennes et Directeur du Centre Expert Parkinson de Bretagne
(1) Benabid AL et al. Combined (thalamotomy and stimulation) stereotactic surgery of the VIM thalamic nucleus for bilateral Parkinson disease. Appl Neurophysiol. 1987;50(1-6):344-6.
(2) Siegfried J et al. Bilateral chronic electrostimulation of ventroposterolateral pallidum: a new therapeutic approach for alleviating all parkinsonian symptoms.Neurosurgery. 1994 Dec;35(6):1126-9.
(3) Schuepbach WM et al; EARLYSTIM Study Group. Neurostimulation for Parkinson's disease with early motor complications. N Engl J Med. 2013 Feb 14;368(7):610-22.
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