Une étude chez 3 patients

La radiochirurgie au secours des TOC

Publié le 12/01/2011
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Que faire devant des patients qui souffrent de symptômes de TOC particulièrement invalidants bien que de multiples traitements médicamenteux aient été essayés ? Par exemple, devant une patiente qui continue à passer des heures chaque jour à se laver, à tel point qu’elle n’est pas sortie de chez elle depuis un an ? C’est le sort des trois patients (deux femmes et un homme) que l’étude présente. Deux d’entre eux ont des scores à 39 sur 40 sur une échelle standard de cotation de la sévérité des TOC.

Après épuisement des possibilités thérapeutiques disponibles, les patients ont été référés à une procédure de radiochirurgie. Au cours de cette procédure, on utilise un équipement nommé « gamma-knife » (couteau gamma) pour délivrer un rayon intense en ciblant avec une grande précision une région cérébrale. Dans le cas des TOC, il s’agit du cortex singulaire antérieur, que l’on sait être impliquée dans la symptomatologie.

Cette procédure a été tentée à titre expérimental, après une évaluation soigneuse. Les critères d’inclusion, outre la sévérité des symptômes de TOC, nécessitaient une demande du patient et une recommandation par deux psychiatres.

Les trois patients ont rapporté une amélioration fonctionnelle, avec une réduction des comportements obsessionnels compulsifs. Ainsi, la patiente qui se lavait beaucoup, a réduit la durée de ses bains quotidiens de 4 heures à une heure ; elle a pu sortir de chez elle pour s’adonner aux activités quotidiennes normales.

Chez un autre patient, on note une réduction de 90 % de la sévérité du score.

Les améliorations sont survenues graduellement, avec un maximum entre deux et quatre mois. Les traitements médicamenteux ont dû toutefois être poursuivis

La radiochirurgie a été développée à l’origine comme moyen alternatif à la chirurgie pour détruire de manière très ciblée des tumeurs cérébrales.

La plupart des TOC sont accessibles à un traitement médicamenteux. Mais dans certains cas, des symptômes sévères et handicapants restent présents même sous traitement intensif.

Certains cas ont été améliorés par un traitement chirurgical dans l’aire incriminée (cingulectomie antérieure).

Plus récemment, la stimulation cérébrale profonde (SCP), à l’aide d’une électrode électrique implantées en intracérébral pour modifier l’activité électrique anormale, a été étudiée dans les TOC sévères avec des résultats prometteurs (lire le Quotidien du3 mars 2010).

Bien que préliminaires, ces nouveaux résultats suggèrent que la radiochirurgie pourrait représenter une nouvelle option pour les cas les plus sévères de TOC. « Comparativement à la SCP, la radiochirurgie peut présenter des désavantages potentiels : la procédure est irréversible, elle ne permet pas d’ajustements pour tenter différents modes d’irradiations, ce qui est possible avec la SCP. Mais à l’inverse, la radiochirurgie présente l’avantage d’éviter les électrodes implantées.

« Nous avons besoin de poursuivre l’étude de cette nouvelle procédure dans les TOC, avant de savoir si elle peut faire l’objet d’une recommandation dans cette pathologie. »

Les auteurs en appellent à des études comparant la SCP et la radiochirurgie.

Dr BÉATRICE VUAILLE Kondziolka et coll. Neurosurgery, en ligne le 7 janvier 2011.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8883