DE NOTRE CORRESPONDANT
DANS L’HYPOTHÈSE de la programmation fœtale, un environnement défavorable pendant la grossesse prédispose au développement ultérieur d’affections. L’amygdale et l’hippocampe occupent une place intéressante dans cette conception parce que ces formations se constituent très tôt durant la vie fœtale et parce qu’elles sont impliquées dans diverses pathologies neurodéveloppementales et psychologiques (l’amygdale, en particulier, est impliquée dans la régulation de la peur, de l’anxiété et de la dépression). Elles sont aussi particulièrement sensibles, durant cette période, aux taux de gluco-corticoïdes. On a ainsi mis en évidence une relation entre l’hormone de stress maternelle et le développement des formations limbiques chez les rongeurs ou les primates non humains.
Troubles affectifs à 7 ans.
L’équipe de Curt A. Sandman (Université de Californie) a voulu savoir si on retrouvait la même relation dans l’espèce humaine en conduisant une étude prospective (n = 65 dyades mères-enfants) où les volumes de l’amygdale et de l’hippocampe ont été mesurés chez les enfants à l’âge de 7,5 ans (6 à 9 ans). Il existe une association significative entre les taux de cortisolémie maternelle les plus hauts (à 15 semaines de grossesse) et un volume plus important de l’amygdale droite chez les filles. À chaque élévation du cortisol de 1 DS (déviation standard), soit 0,06 µg/dL, correspond une augmentation de volume amygdalien de 6,4 %. Aucune relation, en revanche, avec le volume de l’amygdale gauche ni avec celui de l’hippocampe (gauche ou droit) et pas d’association non plus chez les garçons (amygdales ou hippocampes).
Plus intéressante encore, l’association entre les concentrations élevées de cortisol maternel (toujours à 15 semaines) et la fréquence des troubles affectifs autour de 7 ans, appréciés par les T-scores de la sous-échelle du Child Behavior Checklist. Cette relation disparaît quand on prend les taux de cortisol en milieu ou fin de grossesse et elle est absente chez les garçons. Les auteurs ont, en outre, pu établir qu’il existe aussi une association significative entre le volume de l’amygdale droite et la fréquence des problèmes psychologiques chez les filles.
À la puberté ?
La découverte de Sandman et coll. se fonde sur une étude solide, ayant pris en compte divers facteurs confondants (y compris la dépression maternelle), et l’amplitude de l’association est importante (6,4 % par DS) Les auteurs soulignent que la cortisolémie maternelle est un bon témoin de l’exposition du fœtus aux glucocorticoïdes. Le fait que l’association concerne uniquement l’amygdale droite est en accord avec la mise en relation d’une anxiété élevée avec un volume accru ou une hyperactivité de cette formation à droite (Juranek et coll., 2006). Les observations des chercheurs incitent à penser que l’amygdale est plus sensible au stress maternel que l’hippocampe. Il faut se garder, toutefois, d’exclure la possibilité d’un effet sur l’hippocampe plus tard dans la vie de l’enfant (à la puberté). La différence sexuelle dans l’impact de la cortisolémie maternelle, enfin, pourrait s’expliquer par le développement plus rapide des formations neurologiques chez le fœtus de sexe féminin.
L’équipe américano-québécoise a lancé de nouveaux travaux visant à établir la séquence temporelle des événements conduisant à l’augmentation de volume de l’amygdale droite, soit à préciser à quel moment celle-ci intervient en relation avec les troubles affectifs de l’enfant.
Sandman C.U. et coll. Maternal cortisol over the course of pregnancy and subsequent child amygdala and hippocampus volumes and affective problems. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne.
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