Plan Alzheimer 2008-2012

Les MAIA sur la voie de la généralisation

Publié le 15/12/2010
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Crédit photo : AFP

LE QUOTIDIEN : 2009 aura été l’année de mise en chantier du plan Alzheimer, disiez-vous. Alors comment qualifieriez-vous 2010 à cet égard ?

FLORENCE LUSTMAN - 2010 est clairement l’année de la généralisation des solutions qui sont proposées par le plan, dont l’efficacité a été vérifiée sur la base de certaines expérimentations.

Vous pensez aux PASA (pôles d’activités et de soins adaptés) et aux UHR (unités d’hébergement renforcées) ?

Oui, mais avant même les PASA et les UHR, je songe aux MAIA, ces réseaux intégrés de prise en charge des malades d’Alzheimer qui fédèrent l’ensemble des ressources locales, qu’elles soient sanitaires ou médico-sociales, des acteurs de l’aide à domicile au médecin traitant et jusqu’à l’hôpital. Le 17 septembre dernier, le président de la République a posé comme principe leur généralisation*, après 17 expérimentations en 2010.

Nous prévoyons 40 autres MAIA en 2011 et 100 supplémentaires pour 2012, ce qui fera un total de 150 à la fin du plan en 2012. Nous savons que cela ne suffira pas à couvrir tout le territoire. Il en faudrait en effet pour cela 400 à 600, chiffre que l’on ne pourra pas atteindre en 2012, mais plutôt en 2014. Mais revenons sur les leçons tirées de ces expérimentations. Les MAIA sont des dispositifs de proximité construits pour simplifier le parcours des personnes malades et de leurs aidants sur un territoire donné. Elles proposent à la fois une réponse unique quelle que soit la structure à laquelle on s’adresse, une réponse complète puisque la MAIA peut proposer toutes les prestations et services disponibles, une réponse adaptée à la demande (informations, mise en place de soins, services ou prestations et pour les situations plus complexes, accompagnement individualisé par un « gestionnaire de cas »).

Finalement en quoi consiste l’« intégration » ?

En premier lieu, intégrer signifie simplifier, c’est pourquoi les MAIA s’appuient sur les structures existantes, sans créer de nouvelle « maison ». Elles organisent une meilleure coopération entre les différents prestataires : dans une MAIA, les différents partenaires non seulement se coordonnent, mais également définissent ensemble leurs règles de fonctionnement, les critères de mise en place des gestionnaires de cas, les outils d’évaluation des besoins de la personne malade, les outils de partage d’information… par exemple, au lieu d’être évalué chaque fois qu’il s’adresse à un service différent, le malade n’est plus évalué qu’une seule fois dans la MAIA et cette évaluation est partagée et reconnue par tous.

Voulez-vous dire qu’il faudrait davantage communiquer ?

Je crois que oui, auprès des généralistes notamment. Face à un diagnostic établi d’Alzheimer, et sans une MAIA sur leur territoire, on leur demande souvent d’être à la fois médecin, assistante sociale, tuteur… Avoir un professionnel unique au sein de la MAIA qui seconde le médecin dans la gestion des cas complexes est une avancée notable appréciée de tous. Actuellement, les médecins généralistes se retrouvent trop souvent seuls pour lutter au quotidien contre cette maladie, ce d’autant qu’il n’existe pas de traitement médicamenteux curatif. Dans ces conditions, certains hésitent à annoncer le diagnostic au malade.

Pourtant, 91 % des Français interrogés par sondage souhaitent connaître leur diagnostic de maladie d’Alzheimer, s’ils en ont les symptômes. Je rappelle également que notre système d’offre de diagnostic est le meilleur au monde, avec plus de 400 consultations mémoires et un réseau de neurologues très performant. Le délai pour obtenir un premier rendez-vous est de 51 jours, ce qui est très satisfaisant. Mais ce dispositif n’est efficace que si les malades y ont recours. L’assurance-maladie n’est en mesure de recenser ainsi que 450 000 malades sur les 850 000 estimés par les études épidémiologiques. Il faut donc convaincre les médecins généralistes de l’intérêt du diagnostic à un stade précoce de la maladie, qui permet au malade et à sa famille de préparer l’avenir, notamment grâce au mandat de protection future, et qui donne accès aux méthodes non médicamenteuses.

DES SÉANCES DE RÉHABILITATION À DOMICILE PEUVENT ÊTRE PRESCRITES

D’ores et déjà les médecins généralistes peuvent prescrire 15 séances de réhabilitation à domicile prises en charge par l’assurance-maladie et réalisées par des équipes spécialisées de SSIAD (services de soins infirmiers à domicile). Quarante équipes ont déjà commencé à intervenir, 120 équipes devraient commencer prochainement, pour atteindre 500 opérationnelles d’ici 2012. Ces équipes proposent 15 séances de réhabilitation à domicile, dont l’efficacité a été prouvée à six mois pour des malades atteints à un stade léger ou modéré. Elles travaillent à partir d’une évaluation des capacités restantes du malade pour accomplir les activités de la vie quotidienne. Un ou deux objectifs sont fixés : s’habiller seul, refaire à manger, aller faire ses courses… Le but est que le malade retrouve certaines activités et le plaisir de les faire. Le programme vise également à rendre l’aidant compétent dans la prise en charge du patient.

Le point noir, l’an passé, était l’arrivée laborieuse des financements en bout de chaîne, notamment s’agissant des crédits délégués (pour les CMRR, centres mémoires de ressources et de recherche, par exemple). Le problème a-t-il été résolu ?

Pour 2010, je ne peux pas me prononcer avant février-mars prochains. Mais nous restons toujours très vigilants.

Une attention de plus en plus particulière est portée à ce que l’on nomme les « aidants ». Quelle part le plan Alzheimer a-t-il pris dans cette reconnaissance selon vous ?

Je crois qu’il y a participé directement. L’une des solutions du plan concerne spécifiquement la formation des aidants : 3 000 d’entre eux ont ainsi déjà été formés. Ils se voient proposer 5 modules, sur 14 heures, concernant la maladie elle-même, comment communiquer et comprendre, comment être aidant familial. Alors je crois que oui, c’est le même mouvement.

* 4e réunion de suivi du plan Alzheimer 2008-2012, à mi-parcours.

Une carte de France Alzheimer, très exhaustive, est disponible sur le site dédié au plan Alzheimer : www.plan-alzheimer.gouv.fr.

PROPOS RECUEILLIS PAR AUDREY BUSSIÈRE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8877