Dans l’état végétatif les relations entre le cortex et le thalamus sont perturbées. Après consentement de la famille, avis favorable du comité de protection des personnes et de l’ANSM, l’équipe lyonnaise a implanté un stimulateur du nerf vague dans le thorax d’un homme de 35 ans plongé depuis 15 ans dans un état végétatif, après un accident de voiture. Le patient a pu récupérer une conscience minimale.
Les résultats de ce traitement ont été publiés dans la revue « Current Biology ». Après un mois de stimulation nerveuse vagale, l’examen clinique a révélé des améliorations reproductibles et soutenues de son attention, de ses mouvements et de son activité cérébrale. L'homme commençait à répondre à des ordres simples, chose auparavant impossible. Il pouvait par exemple suivre un objet avec ses yeux et tourner la tête sur demande. Les enregistrements de l’activité cérébrale montraient en outre une augmentation des ondes thêta, un signal permettant de faire la distinction entre l’état végétatif et l’état de conscience minimale, et ces ondes concernaient des régions cérébrales participant aux mouvements, aux sensations et à la conscience. Le patient est décédé huit mois après l’étude. Plusieurs équipes des Hospices civils de Lyon et tout particulièrement le SRPR (service de rééducation post-réanimation) et d’autres médecins et équipes de l’hôpital neurologique ont été impliquées. « Le principal résultat est la détection d’un meilleur éveil avec des signes témoignant d’un état conscient comme le suivi du regard, des mouvements de la tête et même un sourire en réponse à des consignes », résume le Pr Jacques Luauté, instigateur de l’étude, et l’un des experts chargés du rapport médical demandé par le Conseil d’État sur l’état de Vincent Lambert, en 2014. Au total, quatre patients devraient être inclus dans cette étude pilote.
Les patients dans un état végétatif souffrent-ils ou non ?
Interrogée par le « Quotidien » sur les questionnements éthiques et nombreuses critiques que ces recherches ont suscités, le Dr Sirigu s’explique : « Je trouve décevant que certaines personnes critiquent le fait qu'on cherche à aider ces patients. Nous nous sommes consacrés à étudier les mécanismes de la conscience et à chercher comment nous pourrions améliorer les interactions avec l'environnement de patients en état végétatif. Nous ne l'avons pas fait que dans le but de faire une découverte, nous l'avons fait pour aider ces patients et aussi pour sensibiliser les chercheurs à cette problématique. Il y a peu de recherches faites sur ces patients, donc on ne peut pas avancer. Peut-être qu'un jour nous pourrions leur faire atteindre un seuil de conscience leur permettant d'interagir avec leur environnement. Certains nous ont reproché de réveiller le patient d'un état où il ne souffre pas, mais en fait on ne sait pas si les patients dans un état végétatif souffrent ou non. En tant que scientifique, ma mission est de comprendre pourquoi ils sont dans cet état et d'essayer de les aider. Nous avons obtenu des résultats intéressants, mais il faut les prendre avec précaution car il faut les répliquer. Nous avons ouvert une brèche, il faut que d'autres études viennent étayer nos résultats et les confirmer. Je souhaite plus de recherches pour avoir plus de connaissances et pour mieux aider ces patients. Je pense que c'est nécessaire. »
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