LES ÉVÉNEMENTS de la vie quotidienne et les souvenirs constituent la mémoire épisodique. C’est l’une des premières formes de mémoire à s’altérer au cours du vieillissement et au début de la maladie d’Alzheimer. La souris constitue un modèle de choix pour étudier les pertes mnésiques liées à l’âge, en dehors de toute perte neuronale, cet animal ne développant pas spontanément la pathogénie caractéristique de la maladie d’Alzheimer (plaques amyloïdes, dégénérescences neurofibrillaires).
Des chercheurs du laboratoire neurobiologie des processus adaptatifs (CNRS/Université Pierre et Marie Curie ; Laure Rondi-Reig, Céline Fouquet et coll.) ont mis au point un protocole expérimental comportemental chez la souris, permettant d’isoler les individus présentant des troubles de la mémoire apparaissant avec l’âge. Il se fonde sur le souvenir d’un chemin parsemé d’informations spatiales et temporelles, faisant appel à la mémoire de type épisodique. Les souris sont placées dans un labyrinthe aquatique riche en images visuelles (pyramides, ballons, ronds, cartons) qu’elles doivent mémoriser pour se repérer et atteindre une plateforme.
Les chercheurs ont évalué les comportements de navigation développés par des souris âgées de 3 mois, 10 mois et 17 mois. Et trouvé qu’environ 20 % des individus âgés de 10 mois et 50 % de ceux de 17 mois sont incapables de retrouver leur chemin. L’âge de 10 mois correspond au tiers de leur espérance de vie.
L’équipe a ensuite adapté ce modèle comportemental aux humains, en réalité virtuelle. Son développement pourrait éventuellement aider à distinguer les patients souffrant de maladie d’Alzheimer de ceux présentant des troubles liés au vieillissement normal ou à d’autres maladies dégénératives.
« L’utilisation de cette tâche non verbale permet de plus d’utiliser le même protocole avec des modèles animaux et des sujets humains en assurant une étude fiable, dépourvue de l’effet éventuellement trompeur du langage. »
Par ailleurs, isoler individuellement les souris qui présentent des troubles spécifiques de mémoire spatio-temporelle liés au vieillissement va permettre aux chercheurs d’étudier les processus cellulaires, voire moléculaires, des pertes mnésiques.
Neurobiology and Aging, article disponible en ligne.
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