ALLER à l’hôpital, ce n’est pas une mince affaire. Et pour les sujets âgés, l’événement est souvent vécu comme une fracture par rapport à leur vie « d’avant ». Si cette constatation n’est pas neuve, pour la première fois, des médecins de Seattle ont mesuré l’aide d’une échelle validée l’atteinte des fonctions cognitives dans les suites d’une hospitalisation chez des sujets âgés de ≥65 ans sans troubles préexistants. Il est apparu qu’« il y avait davantage de troubles cognitifs chez les personnes admises en soins intensifs ou hospitalisées pour maladie grave, comparativement à celles non hospitalisées, explique l’équipe du Dr William Ellenbach. Le risque relatif de développer une démence était multiplié par 1,4 après une hospitalisation pour motif peu grave et par 2,4 en cas de maladie grave ».
Échelle CASI.
De 1999 à 2007, l’équipe américaine a suivi une cohorte de plus de 2 900 individus âgés de 65 ans et plus habitant les environs de Seattle. Les performances cognitives des participants étaient évaluées tous les deux ans à l’aide de l’échelle Cognitive Abilities Screening Instrument (CASI), dont les scores vont de 0 à 100. À l’inclusion, les patients dont le score était < 86 étaient exclus et explorés pour démence. La gravité d’une hospitalisation était définie par la classification internationale ICD-9 et identifiée d’après les codages administratifs hospitaliers.
Au cours d’un suivi moyen de 6,1 ans, près de 1 600 sujets n’ont pas été hospitalisés, 1 287 ont été hospitalisés au moins une fois pour motif bénin et 41 au moins une fois pour maladie sévère. Alors que l’évaluation était réalisée plus de 45 jours après la sortie dans 95 % des cas, le score CASI était en moyenne plus bas de 1,01 point après séjour en soins intensifs et de 2,14 points après hospitalisation pour maladie grave par rapport aux sujets non-hospitalisés. Ainsi, 146 cas de démence ont été recensés chez les non hospitalisés, 228 parmi ceux hospitalisés au moins une fois pour motif peu grave et 5 parmi ceux admis pour maladie sévère.
Fait curieux, alors que la survenue d’une démence était significative après une hospitalisation bénigne, elle ne l’était pas après admission pour motif grave, probablement en raison d’une trop faible puissance statistique ; un effectif plus important l’aurait sans doute mis en évidence. Néanmoins, ces constatations ne font que souligner le rôle de l’hospitalisation dans le phénomène de déclin cognitif. Plusieurs mécanismes sont déjà été suggérés pour expliquer l’atteinte des fonctions supérieures : hypoxémie, delirium, hypotension, dérégulation glycémique, inflammation systémique, l’utilisation de sédatifs et d’analgésiques. Certains facteurs intrinsèques semblent de plus précipiter l’évolution des troubles chez des sujets âgés prédisposés. Les auteurs insistent sur l’intérêt de rechercher des facteurs liés à l’hospitalisation qui pourraient être modifiables et réduire la survenue de démence. De même que la capacité d’évaluer le risque de démence permettra de cerner les patients pouvant bénéficier d’une rééducation neurocognitive précoce.
JAMA, 24 février 2010, volume 3030, numéro 8, 763-770.
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