Bee Happy : l’apithérapie est moderne !

Publié le 21/03/2013
Article réservé aux abonnés
1363876125417309_IMG_100918_HR.JPG

1363876125417309_IMG_100918_HR.JPG

Le miel, également appelé nectar des dieux, a été la première et la seule source de matières sucrées dont les sociétés disposaient avant la canne à sucre. Il est la matière première de l’hydromel, l’une des premières boissons alcoolisées, mais aussi de la cire qui servait à l’éclairage. Ainsi, au XVIe siècle, la bougie était encore faite d’une mèche de coton enrobée de cire d’abeille. En Égypte, on le considérait comme une source d’immortalité et on l’utilisait dans les préparations pour conserver les momies des pharaons. En Afrique, il est très utilisé dans la cuisine mais servait également pour soigner les brûlures et les morsures de serpent ou les plaies infectées.

Des vertus…

Le miel est un aliment d’origine naturelle à 100 %. Il est riche en sucres simples (fructose, glucose et saccharose ; environ 70 %) ce qui en fait un produit énergétique. Il ne contient ni lipides ni protéines mais du potassium (50 mg/100 g) et de l’eau (23 g/100 g). Trente grammes de miel ont la valeur énergétique de 21 g de haricots, 35 g de pain, 42 g de porc maigre, ou de 48,2 g de bœuf. Il peut remplacer avantageusement le sucre raffiné car il est moins calorique (25 % de moins) et possède un pouvoir sucrant plus fort.

Le miel le plus courant est celui qui est produit à partir du nectar des fleurs que les abeilles butinent et transforment. Il en existe plusieurs variétés qui ont chacune une vertu identifiée en médecine traditionnelle : calmant pour le miel d’acacia ; favorisant le transit et soulageant les gastrites pour le miel de bourdaine ; agissant sur la circulation sanguine pour celui au châtaignier ; et antiseptique pour l’eucalyptus etc. De plus, le miel est connu pour son action sur les maux de gorge et la toux, car il contient de l’acide formique en petites quantités. Mélangé à du lait chaud, il facilite l’endormissement, les glucides contenus dans le miel favorisant la sécrétion de sérotonines neuromédiatrices du sommeil.

…mais pas pour tous.

Le miel, produit naturel, ne subit aucune transformation ni raffinage, il peut donc contenir des résidus de pesticides pulvérisés sur les plantes. Les diabétiques devront tenir compte de son index glycémique très élevé (88 sur une échelle de 100) et le consommer en quantité raisonnable.

L’Agence française de sécurité alimentaire des aliments (AFSSA) le déconseille aux nourrissons de moins de 1 an (1). Il peut, en effet, contenir des Clostridium botulinum, à l’origine du botulisme infantile. Le miel est également cariogène, c’est pourquoi il est préférable de ne pas en mettre sur les tétines.

Cicatrisation.

En 1930, des chirurgiens constatent l’efficacité du miel pour les plaies et les brûlures. À la même époque, en Allemagne, les professeurs Zaïss et Krunitz l’utilisent pour traiter des plaies sans désinfection. C’est à partir de 1988 que le Pr Bernard Descottes du CHU de Limoges, dans le service de chirurgie viscérale, exploite les vertus curatives du miel pour faciliter la cicatrisation des plaies complexes, ce qu’il prouve avec une étude randomisée miel versus biogaze et débrisan. Les résultats montrent une vitesse de cicatrisation des plaies traitées par le miel 2 fois plus rapide que celle des plaies traitées par les autres dispositifs médicaux. Entre 1984 et 2010, dans ce CHU, plus de 3 000 plaies infectées ou non au niveau de la paroi abdominale ont été traitées avec du miel.

Les pouvoirs cicatrisants du miel sont dus à trois propriétés physiques :

- Sa viscosité : elle fait du miel une barrière protectrice qui prévient la formation d’agrégats à l’origine d’infections croisées, résistantes aux antibiotiques.

- Son osmolarité favorise l’appauvrissement de l’eau disponible pour les germes ainsi que l’exsudation, permettant la réduction de l’œdème.

- Le miel absorbe aussi l’humidité de l’air, ce qui contribue à créer au contact de la plaie un milieu humide favorable à la cicatrisation (2).

Au niveau moléculaire, la recherche n’a pas encore totalement identifié l’origine des propriétés antibactériennes du miel. En 2010, des chercheurs néerlandais ont découvert la défensine-1, molécule immunitaire de l’abeille. Le mécanisme d’action du miel pourrait aussi empêcher la constitution de biofilms et l’adhérence des bactéries aux structures tissulaires. Par ailleurs, l’équipe du Pr Rose Cooper (University of Wales Institute, Cardiff) a montré en laboratoire que le miel de manuka (une sorte de myrte) inhibe la croissance bactérienne y compris de souches résistantes aux antibiotiques et suggère qu’il pourrait être utilisé en association avec ces derniers.

L’année dernière a eu lieu le premier colloque international francophone d’apithérapie, de quoi relancer l’intérêt de la médecine moderne au sujet de ce nectar doré.

Pour en savoir plus : www.apithérapie-francophone.org

(1) La consommation de miel déconseillée pour les nourrissons de moins d’un an, communiqué de l’AFSSA, 14 mai 2010.

(2) Descottes B. Cicatrisation par le miel, l’expérience de 25 années. Phytother 2009(7).

 BÉATRICE DUMONT

Source : Nutrition