En France, plus de 2 millions de personnes souffrent de dénutrition, un nombre qui reste stable depuis 30 ans, mais qui risque fort d'augmenter avec l'évolution démographique : augmentation du nombre de personnes de plus de 60 ans (1/3 de la population en 2060) et la hausse des maladies chroniques.
Prise en charge à temps, la dénutrition est une maladie curable. Le Collectif de lutte contre la dénutrition (CLD)* - réunissant des personnes (professionnels ou non) concernées par ce fléau - en est convaincu. « Il faut former l'ensemble des professionnels de santé (étudiants et en poste) et les aidants pour que la dénutrition soit mieux prévenue et dépistée de façon précoce », souligne le Pr Éric Fontaine, nutritionniste au CHU de Grenoble et président fondateur du CLD. Pour atteindre cet objectif, le CLD* appelle les citoyens à signer un manifeste* comprenant 10 propositions pour convaincre les pouvoirs publics d'améliorer la lutte contre ce fléau. « Nous souhaitons faire de la dénutrition la Grande Cause nationale du prochain quinquennat et lancer un Plan de lutte contre la dénutrition. De fait, 50 % des personnes ayant une maladie chronique sont dénutries. Ce n'est pas normal de perdre du poids régulièrement avec la maladie », déplore le Pr Fontaine.
Un référent dans chaque hôpital
L'une des 10 propositions du manifeste lancé par le CLD est que tous les patients puissent, à l'avenir, être systématiquement pesés à l'entrée et à la sortie d'hôpital. Autres points du manifeste : imposer la présence d'un médecin nutritionniste et de 10 diététiciens pour 600 lits d'hôpital et doter les établissements de soins d'un référent dénutrition. « Nous souhaitons, par ailleurs, que l'ensemble des malades soient nourris correctement à l'hôpital. Or, aujourd'hui, les ingénieurs de la restauration des hôpitaux ne disposent, en moyenne, que de 3,73 euros pour acheter les denrées alimentaires composant les repas d'un patient sur une journée. Il faudrait que ce montant atteigne 6 euros par patient et par jour », assure le Pr Fontaine.
Un risque accru chez les seniors et les enfants
En outre, le CLD se fixe pour objectif qu'aucune personne âgée ne soit tuée, à l'avenir, par la dénutrition. Environ 400 000 personnes âgées vivant à domicile sont, aujourd'hui, dénutries. « La prévention doit se faire à domicile, sans attendre l'entrée à l'hôpital, par le biais de conseils nutritionnels (et éventuellement, de compléments nutritionnels oraux) ; d'une activité physique adaptée ; de la consommation suffisante de protéines et d'une supplémentation en vitamine D », note le Pr Agathe Raynaud-Simon, gériatre, membre de la société francophone de gériatrie et de gérontologie. Les enfants ne sont pas non plus épargnés par la dénutrition. Pour tenter d'endiguer ce problème, le CLD propose un Comité national de vigilance chez l'enfant permettant un meilleur accompagnement vers la guérison. « Près de 10 % des enfants hospitalisés en France souffrent de dénutrition ; 50 % des enfants dénutris ont moins de 3 ans ce qui pose problème pour leur développement et leur santé future », déplore Régis Hankard, professeur de pédiatrie, Université François-Rabelais (Tours). Chez les patients de tous âges atteints de maladies chroniques, la dénutrition aggrave le pronostic et augmente les effets secondaires des traitements (dans le cancer, notamment). Il y a donc urgence à prévenir la dénutriton en France pour prendre soin de chacun en valorisant le goût et le plaisir. Le manifeste est disponible sur le site : luttecontreladenutrition.fr
* Fondé en début d'année par le Pr Éric Fontaine, le CLD rassemble des associations de patients, des aidants, des proches et usagers des établissements de santé, des professionnels de santé, des anthropologues, des sociologues, des économistes, des personnalités religieuses et politiques, des acteurs de l'économie sociale et solidaire et de la nutrition clinique.
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