À DÉFAUT de boire à l’œil, peut-être pourra-t-on au moins se targuer de boire pour l’œil, si l’on en juge d’après les résultats prometteurs de chercheurs à l’Université de Washington sur le resvératrol. L’équipe dirigée par le Dr Rajendra Apte suggère, en effet, que cet antioxydant présent dans le vin rouge, le raisin, les myrtilles et les cacahuètes serait efficace dans les rétinopathies dégénératives, telles que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) ou la rétinopathie diabétique. Au niveau de l’œil, le resvératrol serait capable de bloquer la formation de néovaisseaux rétiniens, voire de les faire régresser.
À des doses massives.
Après les récents résultats obtenus contre l’obésité chez le lémurien (lire «le Quotidien» du 25 juin), le resvératrol décidément à l’honneur est en passe de devenir le médicament miracle du futur. Mais avant de l’adouber définitivement, la molécule devra franchir la difficile barrière des essais précliniques, puisque les chercheurs américains ont mené leurs travaux chez un modèle murin de dégénérescence maculaire. À des doses massives de surcroît, bien plus que n’en contiendraient plusieurs bouteilles de vin. Fausse joie pour les amateurs de bon vin, les effets du resvératrol ne pourront se faire sentir qu’après ingestion de comprimés concentrés.
Si plusieurs études avaient déjà montré l’effet anti-âge du resvératrol et ses bénéfices dans l’angiogénèse, aucune avant celle du Dr Apte ne l’avait fait en ophtalmologie. Mais ce n’est pas le seul intérêt de l’étude. À leur grande surprise, les chercheurs ont constaté que le composé agissait au niveau de l’œil autrement que par la voie des sirtuines identifiée jusqu’à présent. Alors que ce circuit ne serait pas du tout impliqué, il serait question ici de la nouvelle voie des eEF2, pour eukariotic elongation factor-2 kinase, en anglais. Une piste de recherche dans les maladies de l’œil avec troubles de l’angiogénèse, que le Dr Apte et son équipe comptent bien explorer à l’avenir. Si les effets du resvératrol venaient à se confirmer chez l’homme, que ce soit en prévention chez les sujets à haut risque de rétinopathie ou à visée thérapeutique, la molécule présente l’énorme avantage d’être disponible par voie orale par rapport aux traitements actuels administrés par injection intra-oculaire.
American Journal of Pathology, parution de juillet.
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