Après l'alimentation orale et les compléments nutritionnels oraux (lire pages XX), la nutrition entérale (NE) est une stratégie souvent suffisante pour éviter la spirale infernale de la dénutrition. « Elle consiste à̀ administrer une solution nutritive directement dans le tube digestif (estomac ou intestin grêle) à̀ l’aide d’une sonde nasogastrique, d’une gastrostomie ou d’une jéjunostomie. Elle doit être privilégiée lorsque l'alimentation orale n'est plus possible ou pas assez efficace. La NE est physiologique, et l'on dispose aujourd'hui de sondes nasogastriques de très petits calibres, bien tolérées par les patients. Lorsqu'elle doit durer plusieurs semaines, la gastrostomie par voie endoscopique ou radiologique facilite grandement la NE et nous pouvons mettre en place ultérieurement un bouton de gastrostomie », souligne le Dr Dominique Lescut, coordonnateur de l’Unité de nutrition artificielle à domicile (UNAD) du CHRU de Lille, et co-auteur du Guide de Bonnes Pratiques de la nutrition artificielle à domicile (ouvrage collectif de la Société francophone nutrition clinique et métabolisme).
Une initiation hospitalière
Dans tous les cas, la NE doit être débutée à l'hôpital et l'apport calorique doit être progressif. Récupérer d'une dénutrition est en effet un processus long. Elle peut se poursuivre à domicile lorsque les besoins caloriques du patient sont stabilisés et que la bonne tolérance de la sonde ou de la gastrostomie a été vérifiée. « L’arrêté du 9 novembre 2009 fixe les conditions de la prise en charge de la NE à domicile. La prescription initiale est réservée aux médecins d’établissements de santé. À domicile, un suivi nutritionnel doit être effectué par le diététicien du prestataire de service le premier mois, puis tous les trois mois ».
Les modifications de prescription ne peuvent être effectuées que par le médecin prescripteur. « Nous prescrivons beaucoup de NE cycliques nocturnes : le patient est nourri la nuit avec une sonde mais il est libre en journée et peut alors accomplir ses diverses activités, rendez-vous médicaux… Elle est néanmoins contre-indiquée chez les patients présentant des troubles de déglutition sévères », précise le Dr Lescut.
Entretien avec le Dr Dominique Lescut, coordonnateur de l’Unité de nutrition artificielle à domicile (UNAD) du CHRU de Lille
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