La chirurgie bariatrique connaît un développement rapide en France. « Environ 50 000 interventions ont été réalisées en 2015 en France, quatre fois plus qu'il y a dix ans », a expliqué Jean Gugenheim (président de la Société française et francophone de chirurgie de l'obésité et des maladies métaboliques).
Cette augmentation significative s'explique par les bénéfices aujourd'hui bien démontrés de la chirurgie chez les patients atteints d'obésité sévère : amélioration spectaculaire de la qualité de vie et réduction significatives des maladies chroniques associées (diabète, apnée du sommeil…) Les indications opératoires sont schématisées en fonction de l'indice de masse corporelle (IMC) : supérieur ou égal à 40 ou à 35 si une comorbidité au moins est associée. La population opérée s'élèverait actuellement à plus de 500 000 personnes en France.
Avant et après l’intervention
Le médecin nutritionniste intervient tout au long de la démarche de prise en charge par chirurgie bariatrique des personnes obèses. Le traitement qui précède l'intervention bariatrique associe rééducation alimentaire, physique, soutien psychologique et corrections des comorbidités. Un soutien régulier, par le médecin nutritionniste est nécessaire pour accompagner la personne obèse dans ce parcours. Ensuite, dans ses recommandations en 2009, la Haute Autorité de santé (HAS) a bien insisté sur l'importance d'un suivi postopératoire organisé en amont de l'intervention et prolongé la vie durant. « Or, il apparaît qu'à deux ans, seule la moitié des patients font l'objet d'un suivi », a déclaré le Dr Jean Gugenheim.
« L'obésité est une maladie chronique, les patients pensent à tort qu'ils sont guéris, mais des complications peuvent apparaître des années après l'intervention et un suivi pluridisciplinaire est nécessaire », a ajouté la Dr Brigitte Rocheneau (présidente de la Fédération nationale des Associations médicales de nutrition). « Dans ce contexte, la place du médecin nutritionniste est toujours centrale, en partenariat avec le médecin traitant et les autres médecins spécialistes ». Le rôle du médecin nutritionniste est de veiller, notamment à la prise de vitamines et de compléments alimentaires et à la discipline dans le suivi au long cours (5 à 10 % de complications à long terme). Mais l'aspect financier du suivi d'une population obèse, généralement défavorisée, est loin d'être négligeable : suppléments nutritionnels, vitaminiques et examens biologiques (certains dosages vitaminiques) non remboursés, consultations de diététicienne et de psychologue non remboursées. « Leur remboursement aiderait nombre d'opérés à se faire suivre », souligne l'Académie de chirurgie dans ses dernières résolutions, suite à une réunion d'experts bariatriques. En ce qui concerne, plus particulièrement les consultations des médecins nutritionnistes, l'Académie se déclare favorable à leur revalorisation. La difficulté actuelle pour la Caisse nationale d'Assurance-maladie (CNAM) vient de l'absence d'identification des médecins nutritionnistes par l'Ordre des médecins et de l'absence d'acte traceur les repérant dans le Programme de médicalisation des systèmes d'Information (PMSI). Il reste encore d’importants progrès à faire dans l'organisation des soins…
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