Un bouchon nasal pour perdre du poids ? C’est la promesse faite par une société israélienne, Beck Medical, le 25 mai dernier lors du dernier congrès européen ECO sur l’obésité.
Elle s’apprête en effet à mettre sur le marché le dispositif NozNoz. Son slogan ? smell less, eat less (« sentez moins, mangez moins »). Le principe ? contrôler la prise alimentaire en réduisant l’olfaction. Porté 12 heures par jour, NozNoz pourrait aider à la perte de poids dans le cadre d’un régime hypocalorique. Une étude pilote portant sur 65 adultes obèses suivant un régime hypocalorique (> 500 kcal/j) a comparé ceux portant le dispositif (n = 38) à un groupe témoin (n = 27). Les deux groupes (IMC moyenne de 35-36 kg/m2) ont perdu du poids au cours de l’étude, sans différence significative entre les deux groupes après quatorze semaines, avec une réduction de poids moyenne de 6,6 % dans le groupe portant le dispositif et de 5,65 % dans le groupe témoin. Comme pour d’autres traitements de l’obésité, le pourcentage d’abandon fut d’environ 50 %, mais le dispositif serait bien accepté par les patients, et seuls 16 % auraient abandonné à cause de l’appareil lui-même.
L’olfaction diminue avec l’âge
Cependant, les auteurs ont souligné que des études antérieures avaient montré que l’olfaction diminue avec l’âge, généralement à partir d’environ 50 ans. Lorsque les chercheurs ont limité leur analyse aux 29 participants âgés de 50 ans ou moins, ils ont constaté que le dispositif était associé à une perte de poids significativement plus importante (7,7 % vs 4,0 % ; p < 0,01). En outre, ces sujets ont également significativement réduit leur consommation d’aliments et boissons sucrés et d’édulcorants.
Le concepteur, chirurgien spécialiste de la tête et du cou, a déclaré ne pas être sûr du fonctionnement exact du dispositif, mais « avoir ouvert une fenêtre sur un domaine qui n’a pas vraiment fait l’objet de recherches », et qu’il souhaite poursuivre les études par IRM fonctionnelle. Il émet l’hypothèse qu’en atténuant l’olfaction le dispositif modifie l’effet d’hormones impliquées dans la régulation de l’appétit.
On ne sait quel est le véritable devenir de ce dispositif, mais il est vrai que jouer sur l’olfaction est original et reste un terrain non exploré. Peut-être cet axe de recherche peut-il être couplé à d’autres approches, comme les thérapeutiques comportementales et/ou basées sur la « pleine conscience » ? Attendons les résultats d’études plus larges pour connaître la tolérance du dispositif et ses possibles effets indésirables, locaux ou généraux.
Professeur émérite à l’université Grenoble Alpes
Résumé O8.2, congrès ECO, 25 mai 2018
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