« Je demande toujours à mes patients s’ils se sentent stressés, relate le Pr Bruno Bonaz, gastro-entérologue CHU de Grenoble. Je les interroge également sur leur vie, leur enfance. Une part importante des personnes que je prends en charge pour un trouble fonctionnel digestif ont de l’anxiété et/ou ont vécu un traumatisme durant l’enfance ou l’adolescence : perte d’un être cher, séparation des parents, maltraitance, violence, abus sexuels… Pour les aider à diminuer leur niveau de stress, je leur propose des séances régulières d’hypnose, qu’ils peuvent effectuer – avec moi ou deux autres collègues hypnothérapeutes – au sein même du service de gastro-entérologie du CHU de Grenoble. » Le Pr Bonaz, membre de l’Institut des neurosciences de Grenoble (GIN), s’est en effet formé à l’hypnose en 2005, et, outre ses activités cliniques hospitalières, il est responsable du diplôme universitaire d’hypnose de l’université Grenoble-Alpes.
Par l’hypnose…
Le service de gastro-entérologie du CHU de Grenoble a lancé le mois dernier un essai clinique pour étudier l’effet de séances régulières d’hypnose chez des patients atteints de la maladie de Crohn. Une trentaine de patients en rémission seront recrutés et scindés en deux groupes, dont un seul bénéficiera, environ chaque semaine, en plus des traitements médicamenteux, d’une séance collective d’hypnose – huit au total. « Ils seront suivis pendant plus d’un an et devront effectuer des examens cliniques et biologiques réguliers. Nous espérons pouvoir démontrer que l’hypnose associée aux médicaments aide les patients à rester plus longtemps en rémission que les médicaments seuls. Une étude validée dans la rectocolite hémorragique a déjà montré une nette amélioration de la symptomatologie des patients », souligne le Pr Bonaz. L’hypnose est l’un des moyens de stimuler le nerf vague, ce qui a une action anti-inflammatoire. « Nous avons de bonnes raisons de penser que l’hypnose contribue à minorer les poussées inflammatoires et à améliorer la qualité de vie des patients atteints d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin », précise le Pr Bonaz.
… ou la neurostimulation
Le nerf vague est également impliqué dans la réponse au stress. En collaboration avec l’Institut des neurosciences de Grenoble (GIN) et l’Institut de recherche biomédicale des armées (Irba), le Pr Bonaz a développé un modèle expérimental de neurostimulation vagale chez le rat, puis chez l’humain. Cette technique consiste à poser des électrodes sous la peau, autour du nerf vague gauche, au niveau cervical, reliées à un petit boîtier (pacemaker) placé sous la clavicule gauche. Des impulsions électriques sont lancées toutes les 5 minutes. L’intervention neurochirurgicale dure environ une heure. « Nous avons testé la neurostimulation vagale avec succès sur neuf patients atteints de la maladie de Crohn et dont les poussées sont modérées. Nous espérons lancer une étude internationale multicentrique incluant un nombre plus important de patients souffrant de cette affection. Déjà utilisée chez les épileptiques et les dépressifs réfractaires aux traitements médicamenteux, la neurostimulation pourrait permettre à certains patients ayant la maladie de Crohn de se passer complètement de médicaments », assure le Pr Bonaz.
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