Deux grands champs d’applications existent : les coréoplasties lasers et les implantations intra-oculaires. Les premières visent essentiellement les adultes de 30-40 ans avec un vieillissement oculaire net ; les secondes s’appliquent principalement aux seniors presbytes ou aux sujets très myopes. Pour les implantations intra-oculaires, beaucoup de chirurgiens sont gênés d’annoncer des prix libres non remboursés, d’autant que le tarif des implants premium alourdit déjà le reste à charge. Pour les coréoplasties, c’est plus simple car l’absence de cotation est claire et commence à être connue des organismes d’Assurance-médicale. En dépit d’un champ de facturation libre, les praticiens sont fort peu nombreux à s’investir totalement en activité réfractive. On estime à moins de 100 000 le nombre de coréoplasties en France avec une baisse relative d’environ 5 % en deux ans. Pourtant, le nombre de litiges médicolégaux reste très bas, témoignant d’une bonne sécurité. Cette stagnation tranche avec des pays comme l’Espagne, où le low cost a anéanti le panier de soins, ou comme l’Italie, où les complications ont sapé la confiance du public. Les pays du nord, à l’instar de la France, conservent un certain volume d’interventions, plus chères ou moins coûteuses. Quant aux pays à bas prix de revient, comme la Turquie ou la Tchécoslovaquie, ils peuvent offrir des interventions dites low cost.
Comment déterminer le coût ?
Le prix d’une cornéoplastie laser en France varie entre 1 600 € et 3 200 € pour les deux yeux dans 90 % des interventions. La participation mutualiste aux frais, variable selon les contrats, est en moyenne de 250-350 € par œil. Le remboursement ne concerne souvent que la myopie.
Déterminer le coût d’un lasik ou d’une PKR est délicat. La somme proposée doit tenir compte des dépenses, des investissements, du temps de formation et d’un juste bénéfice. Théoriquement rien ne justifie que pour un acte similaire un chirurgien expérimenté et renommé gagne plus qu’un débutant ou qu’un inconnu. Cependant, la réalité est toute autre. En dépit de la baisse de l’honoraire, le concept de low cost repose sur une prestation identique, malheureusement incertaine en l’absence d’outil de qualification individuelle. Il comporte une simplification de l’offre, des services accessoires réduits, des lieux d’implantation hors des zones à loyer élevé et une politique de volume basée sur l’organisation du réseau en franchisés ou contractuels. Des individus, souvent dans le secret du cabinet, cassent les prix mais sans stratégie collective (il s’agit de discount et non de low cost). Paradoxalement, le fondement du low cost n’est pas à rechercher du côté des coûts et de l’offre, mais du côté de la demande des patients. En effet, il repose d’abord sur une simplification à l’extrême des produits et services existants, avec l’acceptation de moindres bénéfices financiers au profit de volumes augmentés. Contrairement au vol aérien, ce « cassage » de prix ne s’accompagne pas de tarification annexe de prestations optionnelles.
Définir les attentes des patients
Il suppose au préalable une analyse très pointue des attentes des patients, de leur capacité à payer et d’un troisième facteur fréquent en chirurgie : la peur de se faire opérer les yeux. C’est un point clé car lorsque le consommateur doit choisir entre deux tarifs, il compare les écarts de prix avec les écarts de qualité. C’est aussi indirectement le levier des désinformateurs : « Attendez car on n’a pas de recul ! ». Le low cost impose de repenser non seulement la façon de recruter mais aussi la prise de rendez-vous (désintermédiation) et la surface de réception des prospects (dématérialisation des lieux d’accueil) afin de maîtriser les coûts.
Le premium ne peut que proposer des services de qualité mais ils sont fragiles et ardus à maintenir. Comme il sera impossible d’opposer low cost et premium pour les technologies hyperstandardisées, il importe de rechercher systématiquement une rupture technologique. Paradoxalement, il convient aussi de renforcer l’image du risque opératoire, l’obligation de tests médicaux préalables de haut niveau et l’importance du pré et postopératoire. Nous prévoyons donc un tassement des tarifs réfractifs reposant sur une retenue financière volontaire des opérateurs et sur le pari qu’il est possible de travailler avec équité et sérénité à prix non dévalués.
Clinique de la Vision-Visya
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