Quelques 8 millions de personnes dans le monde sont atteints de cécité cornéenne, majoritairement dans les pays en voie de développement, où elle est surtout d’origine traumatique ou infectieuse.
En France, quelque 4 000 patients bénéficient d’une allogreffe de cornée humaine chaque année, qui donne de très bons résultats. Cependant, certains restent sans recours thérapeutique, soit en raison de rejets successifs, soit parce qu’ils ne sont pas éligibles à la greffe, en particulier lors d’atteintes cornéennes très importantes secondaires à une pemphigoïde cicatricielle ou des brûlures.
Chez les sujets ayant présenté des rejets de greffe successifs, il est aujourd’hui possible de proposer la mise en place d’une cornée artificielle, ou kératoprothèse de Boston. « Assez utilisée aux États-Unis (3 000 à 4 000 cas au total) elle a reçu un marquage CE en 2013, indique le Pr Louis Hoffart. Dans notre service à l’hôpital de la Timone à Marseille, nous utilisons cette technique – qui se rapproche d’une greffe de cornée – depuis 2 ans, avec de bons résultats et un coût contrôlé (de l’ordre de 2 500 euros). Mais cette intervention reste très peu répandue en France ».
Chez les patients dont la surface oculaire est très abîmée, pour lesquels ce type de prothèse n’est pas possible, l’ostéo-odonto-kératoprothèse constitue une autre voie de progrès. « La technique a été mise au point dans les années 1970 par un médecin italien », rappelle le Pr Hoffart. À ce jour, quelque 180 patients ont pu en bénéficier dans le monde, avec un recul qui va jusqu’à 25 ans. Il s’agit d’une prothèse mixte os-dent-PMMA (polyméthacrylate de méthyle), qui met à profit la stabilité dans le temps de la dentine. En pratique, elle nécessite le prélèvement d’une dent avec une bande de tissu osseux maxillaire, qui est préparée avant de recevoir le cylindre en PMMA puis est implantée pendant trois mois dans la joue du patient pour favoriser vascularisation et fibrose. La prothèse est ensuite insérée dans la partie antérieure de l’œil, ce qui permet au patient de récupérer plusieurs dixièmes d’acuité visuelle. « C’est un geste très technique, que nous réalisons en collaboration avec le Pr Laurent Guyot, chirurgien maxillofacial à l’hôpital Nord à Marseille. Globalement, ce type de prothèse n’est développée que par une seule équipe par pays en Europe et ne peut concerner que quelques dizaines de patients par an en France ».
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