Décollement de rétine

La prévention existe-t-elle encore ?

Publié le 30/01/2017
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PREVENTION

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Crédit photo : PHANIE

La prévention du décollement de rétine (DR) par photocoagulation rétinienne consiste à traiter une lésion périphérique jugée à risque en réalisant 3 à 4 rangées d’impacts confluents entourant la lésion ou l’encadrant des 2 côtés jusqu’à l’ora serrata. L’objectif est d’empêcher un passage de vitré liquéfié à travers la déhiscence. Si ce sujet est controversé, les données de la littérature permettent néanmoins de distinguer différentes situations.

Prévenir dans les déhiscences symptomatiques, sur les yeux adelphes…

Certaines situations nécessitent le plus souvent un traitement préventif.

Les déhiscences symptomatiques

Les symptômes peuvent être des myodésopsies ou des phosphènes. Le décollement postérieur du vitré symptomatique expose à un risque de déchirure de 10 à 20 %. La présence de pigment ou de sang dans le vitré augmente grandement le risque. Plus l’hémorragie du vitré est dense, plus le risque est important. En l’absence de pigment ou de sang, le risque de déchirure n’est que de 2 %. Les déchirures symptomatiques ont un risque d’évolution vers un DR de 30 %. Un traitement préventif par laser diminue le risque à moins de 5 %. Il s’agit d’une indication très consensuelle de traitement préventif par photocoagulation.

Les déhiscences et palissades sur les yeux adelphes de décollement de rétine

On évaluera au cas par cas mais il s’agit bien souvent d’une bonne indication à un traitement préventif, d’autant plus si le vitré n’est pas décollé et que les lésions sont symétriques à celles de l’œil ayant présenté le décollement de rétine.

Les yeux adelphes de déchirure géante

En cas de DR par déchirure géante, le risque de DR de l’œil adelphe est de 15 à 25 %. Il existe des études montrant une diminution du risque avec un cerclage laser sur 360°. Il est donc souvent réalisé.

Les dialyses

Elles sont à haut risque d’évoluer vers un DR et nécessitent donc un traitement préventif.

S’abstenir dans les déhiscences asymptomatiques, les palissades,

D’autres pathologies ne sont généralement plus traitées.

Les déhiscences asymptomatiques

Il s’agit principalement des trous ronds atrophiques, très fréquents (5 à 10 %) dans la population. Plusieurs études cliniques montrent qu’en l’absence de traction sur les bords de la déhiscence, un DR est très peu probable. Il n’existe pas d’étude démontrant une efficacité de la photocoagulation laser préventive en cas de déhiscence asymptomatique. Un traitement préventif n’est donc pas recommandé.

Les palissades

Présentes chez 6 à 8 % des patients, les palissades sont retrouvées dans plus de 30 % des DR. Cependant, le risque de DR en cas de palissades est d’environ 1 %. Le bénéfice d’une prophylaxie laser n’est pas démontré dans cette situation. De plus, il n’est pas rare de voir des DR sur des yeux ayant des palissades traitées par laser, la déchirure se produisant dans une zone non traitée ou sur les bords du laser. En supposant qu’une photocoagulation préventive diminue le risque de moitié, il faudrait traiter 200 patients pour prévenir un DR. Il n’est donc généralement pas réalisé de traitement préventif.

Le givre

Il n’augmente pas le risque de DR. 

En somme, la prévention est principalement ciblée sur les patients à haut risque. Dans tous les cas, il conviendra d’informer le patient du risque de DR et des symptômes devant l’amener à consulter en urgence.

Chef de clinique, CHU de Nancy

Dr Bertrand Leroy

Source : Bilan Spécialiste