Seul un professionnel de la vue est susceptible de conseiller à bon escient les porteurs de lentilles de contact dans le choix de leurs lentilles ou de leurs produits d’entretien. Tel est le message que souhaitent faire passer, dans un communiqué commun, la Société française d’ophtalmologie (SFO) et l’Association nationale pour l’amélioration de la vue (ASNAV), qui représente notamment les opticiens.
La SFO et l’ASNAV s’inquiètent des nouvelles règles qui pourraient être instaurées par le projet de loi sur la consommation, qui doit être discuté en deuxième lecture fin janvier au Sénat. Ce texte devrait permettre de faciliter la vente, notamment sur internet, des lentilles et des produits d’entretien. Un vent de libéralisation qui préoccupe les ophtalmologistes. « Tout d’abord, on ne peut que regretter que ce soit un texte sur la consommation qui vienne interférer dans le domaine de la santé publique. C’est une anomalie potentiellement lourde de conséquences », estime le Pr Gilles Renard, directeur administratif et scientifique de la SFO.
Avec ce texte, la volonté du ministre Benoît Hamon est de faire jouer la concurrence pour permettre aux consommateurs de bénéficier d’une baisse des prix. Mais selon la SFO, ce texte n’a pas suffisamment pris en compte le fait que les lentilles ou les produits d’entretien ne sont pas des produits de consommation courante mais des dispositifs médicaux. « Le consommateur doit donc s’assurer de la qualité de son produit d’entretien, en termes d’innocuité pour la cornée et d’efficacité antimicrobienne, afin d’éviter tout risque d’intolérance, d’infection ou de complication. Les professionnels de la vue sont à l’évidence mieux placés pour conseiller les porteurs de lentilles sur le choix d’un produit d’entretien présentant ces garanties », souligne la SFO.
Dans la foulée, la société savante appelle ces consommateurs à suivre les conseils d’un ophtalmologiste. « Si l’ophtalmologiste recommande à son patient porteur de lentilles un produit d’entretien plutôt qu’un autre, ce n’est pas sans raison. Il veille en effet à lui prescrire une solution compatible avec sa physiologie oculaire, qu’il tolérera parfaitement. Seul un professionnel de la vue est à même de suggérer le remplacement d’un produit d’entretien par un autre, sans risque pour le porteur », insiste la SFO.
Certes, aujourd’hui, il est déjà possible d’acheter sur internet des produits d’entretien. « Cela ne me dérange pas qu’un consommateur aille sur internet à partir du moment où il achète des produits strictement identiques à ceux qui lui ont été conseillés par son ophtalmologiste. Mais le problème est qu’on trouve tout et n’importe quoi sur internet. Il existe des sites sérieux et d’autres qui le sont beaucoup moins. Sur certains sites, la priorité est d’inciter le consommateur à acheter le moins cher possible sans véritable garantie sur l’origine ou la qualité du produit. Il y a donc un vrai risque à passer par internet dans des circuits non sécurisés et sans avoir aucun conseil d’un professionnel de la vue », estime le Pr Renard.
Entretien avec le Pr Gilles Renard, directeur administratif et scientifique de la SFO.
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