Lentilles de contact

Le coût patient réel d’un équipement

Publié le 22/03/2012
Article réservé aux abonnés
1332384497332459_IMG_79629_HR.jpg

1332384497332459_IMG_79629_HR.jpg

BIEN VOIR n’est pas un luxe et pourtant, la part des frais qui incombe au patient pour s’équiper est loin d’être négligeable.

Une part importante reste à la charge des mutuelles et des patients. Chez une personne souhaitant porter pour la première fois des lentilles de contact, ou qui doit modifier de façon fondamentale son type d’équipement (passage à des lentilles progressives à l’âge de la presbytie, obligation de rééquipement d’un patient préalablement porteur de lentilles souples, en lentilles rigides perméables à l’oxygène), le coût comprend à la fois les honoraires du médecin qui effectuera l’adaptation, le prix des lentilles et des produits d’entretiens prescrits, achetés chez un opticien, ou, pour certains, aujourd’hui, sur Internet.

C’est donc totalement différent du coût des renouvellements, qui n’inclut que le prix des lentilles et des produits.

« Le coût de l’adaptation et des lentilles de contact est pris en charge par la sécurité sociale uniquement dans six cas limités (qui représentent moins de 5 % des prescriptions de lentilles de contact) : myopie supérieure à – 8,00 dioptries, kératocône, astigmatisme irrégulier, aphakie, anisométropie de plus de 3,00 dioptries non équipable en lunettes et strabisme accommodatif. Dans toutes les autres situations, de loin les plus fréquentes, ce coût est à la charge du patient et/ou de sa mutuelle ou de sa complémentaire santé. Enfin, les produits d’entretien ne sont, quant à eux, jamais remboursés » rappelle le Dr Subirana.

Concernant le prix des lentilles, il faut compter en moyenne, de 1 euro à un 1,50 euro par jour pour des journalières selon le matériau de la lentille, de 10 à 20 euros par mois de budget global (lentilles et produit d’entretien) pour des lentilles sphériques mensuelles ou à la quinzaine, de 15 à 25 euros pour les astigmates et 30 à 40 euros pour les presbytes. Pour des lentilles flexibles, dont le marché représente seulement 10 % des prescriptions, il faut compter sans les produits d’entretien, pour les enfants de moins de 16 ans de 150 à 200 euros par an, de 250 à 450 euros pour un adulte non presbyte selon le type de lentilles, de 400 à 500 euros pour un presbyte et de 500 à 600 euros pour des lentilles très spéciales comme celles d’un kératocône. Il ne faut pas oublier qu’en France les prix sont libres et les fourchettes mentionnées purement indicatives des prix généralement observés. Les disparités peuvent être importantes, ou paraître importantes, en particulier depuis l’arrivée des produits de marques de distributeur et de l’expansion de la vente sur Internet, mais il faut avoir en tête que toutes les lentilles ne sont pas équivalentes en termes de matériau et de design et que les solutions d’entretien ne sont pas identiques en termes d’efficacité ou de tolérance.

Pour les patients pris en charge par l’assurance-maladie, dans les cas précités, le remboursement est à 65 % sur la base d’un forfait annuel, de date à date, fixé par œil à 39,48 euros, soit 25,70 euros. On comprend aisément que pour nombre de patients chez qui cet équipement est une nécessité médicale impérieuse (kératocône), le problème de l’accès aux soins puisse se poser.

Tous les actes pratiqués ne donnent pas droit à remboursement.

En pratique, le patient qui veut porter des lentilles doit consulter son ophtalmologiste qui au cours de sa consultation vérifie l’état oculaire, le caractère faisable ou non du port de lentilles, et déterminera quel type de lentille sera le plus adapté au patient en fonction de son amétropie et de son état clinique. Cette consultation est prise en charge. Rendez-vous est ensuite donné au patient pour effectuer les essais permettant l’adaptation de ses lentilles. Ces essais peuvent prendre du temps et nécessiter d’essayer un nombre important de lentilles pour déterminer l’équipement qui va permettre la meilleure vision, avec le meilleur confort et le meilleur respect de la physiologie oculaire. Cette adaptation est plus ou moins longue et plus ou moins complexe selon le type de lentilles exigé et le contexte clinique (post-greffe, cornées post-traumatiques, kératocône, nourrisson…). L’ophtalmologiste revoit, en général, le patient deux ou trois semaines plus tard pour contrôler la bonne tolérance et affiner si nécessaire l’équipement. Bien entendu dans le cas très complexe, c’est quatre ou cinq rendez-vous qui peuvent être nécessaires.

Ces différents actes ne sont pris en charge par la sécurité sociale, que dans les six cas particuliers mentionnés plus haut. Dans les autres cas, le patient règle à l’ophtalmologiste un forfait global dont il aura été informé et pour lequel il aura donné son accord préalablement à l’adaptation. Ce forfait peut ou non être pris en charge en totalité ou en partie par la complémentaire santé du patient en fonction de son contrat. Ensuite, le patient va avec son ordonnance acheter ses lentilles chez l’opticien, ou, s’il le souhaite, sur Internet.

Ce n’est qu’à l’occasion de visites (en général annuelles) de contrôle ophtalmologique chez un porteur, que le patient est revu. Ces dernières consultations sont bien sûr prises en charge par la sécurité sociale puisqu’elles entrent dans le cadre du suivi normal d’un patient amétrope. Ces contrôles, comme lors d’un renouvellement de lunettes, sont l’occasion de dépister des pathologies intercurrentes fréquentes, comme un glaucome, une rétinopathie diabétique ou tout autre problème qu’il va être possible de prendre en charge avant qu’il ne soit trop tard…

D’après un entretien avec le Dr Xavier Subirana, Paris.

Dr NATHALIE SZAPIRO

Source : Bilan spécialistes