De très loin l’acte chirurgical le plus pratiqué au monde, l’opération de la cataracte a concerné environ 400 000 patients français en 2013 pour 734 000 interventions. Un Français sur deux sera opéré au cours de sa vie. Le Syndicat national des ophtalmologistes de France (SNOF) et l’Académie française d’ophtalmologie (AFO) alertent sur une possible baisse du niveau de remboursement de cet acte.
En prévision du projet de loi Touraine, des négociations de l’UNCAM qui débuteront en juillet et de la baisse de l’ONDAM pour les prochaines années, les ophtalmologistes craignent que la décision d’une décotation de la chirurgie de la cataracte ait des conséquences sur l’accès et la qualité de soins, au détriment des efforts importants déjà réalisés pour améliorer cette opération et limiter son coût.
« L’un des plus grands progrès médicaux du XXe siècle »
Portée par de constantes innovations depuis 20 ans, l’opération de la cataracte constitue pour le professeur Béatrice Cochener, présidente de l’AFO, « l’un des plus grands progrès médicaux du XXe siècle ». Grâce à de nouvelles techniques comme la phaco-émulsification, de nouveaux protocoles de prévention de l’infection et des implants de plus en plus sophistiqués, cette opération a connu une vraie révolution pour le plus grand bénéfice des patients. L’incision est ainsi passée de 5,2 à 1,8 mm et le risque d’infection de 0,3 à 0,015 %. L’anesthésie topique a remplacé l’anesthésie générale et la récupération visuelle est passée de 1 mois à 1 jour.
Du côté des implants, l’amélioration est également continue. D’un modèle de référence rigide, on est passé aux implants acryliques pliables, à bords carrés pour prévenir la cataracte secondaire et asphérique pour optimiser la qualité de vision nocturne. Tous les efforts de la recherche sont désormais tournés vers des implants « premiums » capables d’offrir l’indépendance vis-à-vis des lunettes. Pour autant, toutes ces innovations coûteuses n’ont fait l’objet d’aucun réajustement du taux de remboursement.
Menaces sur l’égalité d’accès aux soins et l’innovation
Le SNOF et l’AFO rappellent qu’entre 2005 et 2013, les hôpitaux, les cliniques et les médecins ont grandement concouru à faire baisser de manière continue le prix de revient de la cataracte en optimisant au maximum sa prise en charge. Aujourd’hui, l’opération est pratiquée à 90 % en ambulatoire, sans hospitalisation de nuit. Les cliniques ont baissé leurs tarifs de 30 % en 10 ans et les hôpitaux de 17 %. Quant aux honoraires des médecins de secteur 1, ils sont plafonnés depuis 25 ans. Au total, rappellent les ophtalmologistes, « le coût moyen de l’opération de la cataracte pour l’assurance-maladie est passé de 1 552 euros à 1 227 euros entre 2005 et 2013, soit une baisse de 20 %, alors même que l’inflation cumulée sur la période atteignait 15 % ».
Face à la menace d’une décotation, le SNOF et l’AFO tiennent à rappeler que cette baisse constante des coûts pour la sécurité sociale s’accompagne d’un temps opératoire incompressible et de nouvelles contraintes liées à la sophistication incessante des techniques. Selon eux, l’horizon qui se profile entraînera à terme l’instauration d’une médecine à 2 vitesses avec une perte de la qualité de la prise en charge, une diminution de la sécurité et un impact négatif sur l’innovation.
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