Dans notre seul pays le nombre de personnes atteintes par la dégénérescence maculaire liée à l’âge dépasse le million, pour ne prendre qu’un exemple. Or l’absence des pathologies visuelles de la liste des priorités des instances internationales est d’autant plus regrettable que les espoirs thérapeutiques foisonnent : traitements anti-angiogéniques dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge, thérapie génique, thérapie cellulaire relèvent de la pratique quotidienne ou d’essais cliniques actifs.
En parallèle, les nouvelles technologies offrent la perspective de redonner de la vision aux personnes aveugles mais aussi d’augmenter les performances de personnes présentant un handicap visuel. À l’Institut de la Vision, un nouveau pôle handicap a été mis en place pour développer ces nouvelles technologies et pour accompagner les industriels dans la validation de leurs innovations technologiques destinées à l’aide au handicap visuel. Dans ce domaine, l’efficacité de différentes prothèses rétiniennes a récemment été démontrée dans des essais cliniques visant à restaurer une perception visuelle utile chez des patients aveugles. Les patients traités au Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des XV-XX et à la Fondation ophtalmologique Rothschild par l’implantation de prothèses peuvent ainsi à nouveau localiser et saisir des objets voire pour certains lire des mots. Si les patients aveugles inclus ont perdu leurs photorécepteurs suite à une rétinopathie pigmentaire, il leur reste le circuit neuronal qui transforme normalement le signal issu des photorécepteurs pour le transmettre au cerveau par le nerf optique. Les prothèses rétiniennes permettent de réintroduire une activité électrique dans ce circuit résiduel rétinien. Certaines ont obtenu le marquage CE en Europe, et nous préparons les générations futures avec une meilleure résolution. L’objectif est de redonner aux patients aveugles une autonomie en locomotion dans un milieu complexe, et à terme de permettre la reconnaissance des visages. La mise en œuvre du forfait innovation par le Ministère de la Santé est à cet égard une bonne nouvelle, très attendue.
Parallèlement, nous développons une approche alternative de restauration visuelle par une thérapie dite « optogénétique ». Il s’agit de tirer partie de mécanismes de photoréception présents chez certaines algues et bactéries pour réintroduire une sensibilité à la lumière dans les cellules résiduelles de la rétine. Dans ces différentes approches, le codage des informations visuelles est réalisé sur la base de caméras révolutionnaires dites « asynchrones » développées à l’Institut de la Vision.
Toutes ces innovations devraient dans le futur permettre à certains patients aveugles dont le nerf optique peut fonctionner de passer du stade de la cécité à celui de basse vision. La B.P.I. soutient aujourd’hui les chercheurs et industriels impliqués dans le cadre du programme SIGHT AGAIN.
Pour apporter une solution aux problèmes de basse vision, la société ESSILOR s’est associée à l’Institut de la Vision dès 2008 afin de développer des lunettes à réalité augmentée avec le soutien d’OSEO. Ces lunettes permettent de projeter dans le champ visuel résiduel du patient des informations visuelles enrichies. Une image peut par exemple être capturée puis agrandie et contrastée avant sa projection dans l’épaisseur du verre afin qu’elle apparaisse à 1m du patient sans pour autant obscurcir le verre. Cette fonctionnalité permettra aux patients gênés par une zone obscure centrale, comme dans le cas d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge, de lire des informations distantes voire réaliser des tâches de précision avec des lunettes légères et non stigmatisantes. De même, pour les patients atteints d’une pathologie produisant une constriction du champ visuel, comme c’est le cas pour le glaucome ou la rétinopathie pigmentaire, les lunettes pourraient permettre d’élargir le champ visuel restreint, par projection.
Pour valider tous ces développements, un simulateur a été construit afin de modéliser le champ visuel perçu par un patient atteint de différentes pathologies et évaluer les solutions envisagées. D’autre part, en raison de la difficulté de tester ces technologies innovantes en conditions urbaines, en raison des aléas climatiques et sonores, une véritable rue artificielle (StreeLab) a été recréée dans les locaux de l’Institut de la Vision. Cette plateforme de test offre la possibilité de réaliser des essais cliniques en conditions contrôlées et reproductibles tout en reconstruisant avec une très grande précision les parcours corporels et oculaires des patients. Des capteurs de mouvements permettent d’analyser la trajectoire de déplacement et la stratégie de regard des patients. Une autre installation « Le HomeLab » ou appartement intelligent, permet aux personnes aveugles ou malvoyantes d’évaluer les nouvelles technologies liées à l’amélioration de l’habitat : domotique, éclairage, mobilier, électroménager, etc.
Canne blanche électronique
Ce cadre a par exemple donné lieu à l’évaluation de différents outils de navigation pour les aveugles ou malvoyants. Il s’agit notamment d’un GPS spécifique et de la canne blanche électronique développés par une équipe du CNRS dirigée par René Farcy. La précision du GPS a notamment permis à un aveugle de suivre le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en solitaire. La canne blanche électronique dispose de faisceaux lasers détectant les obstacles au sol ainsi qu’en altitude devant la personne qui est informée par vibrations.
En parallèle, l’incubateur de l’Institut de la Vision est un nouveau lieu de création en vision et ophtalmologie où les entrepreneurs peuvent trouver des interlocuteurs cliniciens /chercheurs sur le campus du centre National d’Ophtalmologie des XV-XX.
Une époque s’ouvre où médecine régénératrice, systèmes prothétiques, outils technologiques seront associés à des stratégies ambitieuses de réhabilitation, visant à pallier le handicap visuel et à faciliter le retour à l’autonomie**. Il reste à s’assurer que l’Europe et notre pays soient au rendez-vous que leur fixent patients et progrès scientifiques.
* Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, directeur scientifique de l’Institut de la vision et professeur à l’University College of London
** Ces sujets seront abordés lors du prochain colloque de la Fondation Jacques Chirac, le 5 février. Programme et bulletin d’inscription sur le site www.fondationjacqueschirac.fr
Dans notre seul pays le nombre de personnes atteintes par la dégénérescence maculaire liée à l’âge dépasse le million, pour ne prendre qu’un exemple. Or l’absence des pathologies visuelles de la liste des priorités des instances internationales est d’autant plus regrettable que les espoirs thérapeutiques foisonnent : traitements anti-angiogéniques dans la dégénérescence maculaire liée à l’âge, thérapie génique, thérapie cellulaire relèvent de la pratique quotidienne ou d’essais cliniques actifs.
En parallèle, les nouvelles technologies offrent la perspective de redonner de la vision aux personnes aveugles mais aussi d’augmenter les performances de personnes présentant un handicap visuel. À l’Institut de la Vision, un nouveau pôle handicap a été mis en place pour développer ces nouvelles technologies et pour accompagner les industriels dans la validation de leurs innovations technologiques destinées à l’aide au handicap visuel. Dans ce domaine, l’efficacité de différentes prothèses rétiniennes a récemment été démontrée dans des essais cliniques visant à restaurer une perception visuelle utile chez des patients aveugles. Les patients traités au Centre Hospitalier National d’Ophtalmologie des XV-XX et à la Fondation ophtalmologique Rothschild par l’implantation de prothèses peuvent ainsi à nouveau localiser et saisir des objets voire pour certains lire des mots. Si les patients aveugles inclus ont perdu leurs photorécepteurs suite à une rétinopathie pigmentaire, il leur reste le circuit neuronal qui transforme normalement le signal issu des photorécepteurs pour le transmettre au cerveau par le nerf optique. Les prothèses rétiniennes permettent de réintroduire une activité électrique dans ce circuit résiduel rétinien. Certaines ont obtenu le marquage CE en Europe, et nous préparons les générations futures avec une meilleure résolution. L’objectif est de redonner aux patients aveugles une autonomie en locomotion dans un milieu complexe, et à terme de permettre la reconnaissance des visages. La mise en œuvre du forfait innovation par le Ministère de la Santé est à cet égard une bonne nouvelle, très attendue.
Parallèlement, nous développons une approche alternative de restauration visuelle par une thérapie dite « optogénétique ». Il s’agit de tirer partie de mécanismes de photoréception présents chez certaines algues et bactéries pour réintroduire une sensibilité à la lumière dans les cellules résiduelles de la rétine. Dans ces différentes approches, le codage des informations visuelles est réalisé sur la base de caméras révolutionnaires dites « asynchrones » développées à l’Institut de la Vision.
Toutes ces innovations devraient dans le futur permettre à certains patients aveugles dont le nerf optique peut fonctionner de passer du stade de la cécité à celui de basse vision. La B.P.I. soutient aujourd’hui les chercheurs et industriels impliqués dans le cadre du programme SIGHT AGAIN.
Pour apporter une solution aux problèmes de basse vision, la société ESSILOR s’est associée à l’Institut de la Vision dès 2008 afin de développer des lunettes à réalité augmentée avec le soutien d’OSEO. Ces lunettes permettent de projeter dans le champ visuel résiduel du patient des informations visuelles enrichies. Une image peut par exemple être capturée puis agrandie et contrastée avant sa projection dans l’épaisseur du verre afin qu’elle apparaisse à 1m du patient sans pour autant obscurcir le verre. Cette fonctionnalité permettra aux patients gênés par une zone obscure centrale, comme dans le cas d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge, de lire des informations distantes voire réaliser des tâches de précision avec des lunettes légères et non stigmatisantes. De même, pour les patients atteints d’une pathologie produisant une constriction du champ visuel, comme c’est le cas pour le glaucome ou la rétinopathie pigmentaire, les lunettes pourraient permettre d’élargir le champ visuel restreint, par projection.
Pour valider tous ces développements, un simulateur a été construit afin de modéliser le champ visuel perçu par un patient atteint de différentes pathologies et évaluer les solutions envisagées. D’autre part, en raison de la difficulté de tester ces technologies innovantes en conditions urbaines, en raison des aléas climatiques et sonores, une véritable rue artificielle (StreeLab) a été recréée dans les locaux de l’Institut de la Vision. Cette plateforme de test offre la possibilité de réaliser des essais cliniques en conditions contrôlées et reproductibles tout en reconstruisant avec une très grande précision les parcours corporels et oculaires des patients. Des capteurs de mouvements permettent d’analyser la trajectoire de déplacement et la stratégie de regard des patients. Une autre installation « Le HomeLab » ou appartement intelligent, permet aux personnes aveugles ou malvoyantes d’évaluer les nouvelles technologies liées à l’amélioration de l’habitat : domotique, éclairage, mobilier, électroménager, etc.
Canne blanche électronique
Ce cadre a par exemple donné lieu à l’évaluation de différents outils de navigation pour les aveugles ou malvoyants. Il s’agit notamment d’un GPS spécifique et de la canne blanche électronique développés par une équipe du CNRS dirigée par René Farcy. La précision du GPS a notamment permis à un aveugle de suivre le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle en solitaire. La canne blanche électronique dispose de faisceaux lasers détectant les obstacles au sol ainsi qu’en altitude devant la personne qui est informée par vibrations.
En parallèle, l’incubateur de l’Institut de la Vision est un nouveau lieu de création en vision et ophtalmologie où les entrepreneurs peuvent trouver des interlocuteurs cliniciens /chercheurs sur le campus du centre National d’Ophtalmologie des XV-XX.
Une époque s’ouvre où médecine régénératrice, systèmes prothétiques, outils technologiques seront associés à des stratégies ambitieuses de réhabilitation, visant à pallier le handicap visuel et à faciliter le retour à l’autonomie**. Il reste à s’assurer que l’Europe et notre pays soient au rendez-vous que leur fixent patients et progrès scientifiques.
* Professeur à l’Université Pierre et Marie Curie, directeur scientifique de l’Institut de la vision et professeur à l’University College of London
** Ces sujets seront abordés lors du prochain colloque de la Fondation Jacques Chirac, le 5 février. Programme et bulletin d’inscription sur le site www.fondationjacqueschirac.fr
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