ENCORE un lieu commun qui « prend du plomb dans l’aile » en médecine. Il concerne le xanthélasma et l’arc cornéen dont la valeur péjorative sur le devenir cardiovasculaire est bien connue. Et pourtant des chercheurs danois, Mette Christoffersen (Amsterdam) et coll., ont eu recours à la performante étude prospective pour confirmer l’inculpation du xanthélasma, mais très largement disculper le gérontoxon.
Pour établir la vérité les Danois ont réalisé une étude de population fondée sur la cohorte Copenhagen City Heart. Au total 12 745 personnes, indemnes de pathologie vasculaire ischémique, ont été enrôlées en 1976-1978 et suivies jusqu’en mai 2009. Toutes étaient alors âgées de 20 à 93 ans. La surveillance a duré 33 ans (moyenne 22 ans). À cette époque 563 participants (4,4 %) avaient un xanthélasma et 3 159 un arc cornéen (24,8 %).
Au cours de la période de suivi, ont été notés : 1 872 infarctus du myocarde, 3 699 cardiopathies ischémiques, 1 498 AVC ischémiques, 1 815 maladies cérébrovasculaires ischémiques et 8 507 décès. Les odds ratios entre ceux porteurs d’un xanthélasma et ceux indemnes étaient de 1,48 pour les infarctus du myocarde ; 1,39 pour les cardiopathies ischémiques ; 0,94 pour les AVC ischémiques ; 0, 91 pour les maladies cérébrovasculalres ischémiques ; 1,69 pour l’athérosclérose sévère et 1,14 pour les décès. Les risques correspondants en présence d’un gérontoxon n’étaient pas significatifs.
Enfin, pour les porteurs des deux anomalies, par rapport à ceux indemnes, les odds ratios s’établissent à 1,47 pour les infarctus du myocarde ; 1,56 pour les cardiopathies ischémiques ; 0,87 pour les AVC ischémiques ; 2,75 pour l’athérosclérose sévère et 1,09 pour les décès.
Majoré en présence d’un xanthélasma.
Autant de données chiffrées qui font écrire aux auteurs que dans tous les groupes d’âges, à la fois chez les hommes et les femmes, le risque absolu d’infarctus, de cardiopathie ischémique et de décès est significativement majoré en présence d’un xanthélasma. Le pic de risque absolu, à 10 ans, de cardiopathie ischémique est chiffré à 53 % chez les hommes de 70 à 79 ans ayant un xanthélasma et à 41 % chez ceux qui en sont indemnes. Chez les femmes ces taux s’abaissent à 35 et 27 %.
Les relations ont été constatées indépendamment des facteurs de risque cardiovasculaires connus tels que le cholestérol et les triglycérides plasmatiques.
Les auteurs justifient leur travail en rappelant l’importance de ces deux signes cliniques faciles à dépister et ce sans engager de dépenses de santé. Ils ajoutent que des études prospectives sur ce thème faisaient défaut. La leur, outre ce caractère prospectif, présente plusieurs points forts : la population y est homogène (blanche), le taux de participation s’élève à 66 %, le suivi est de 33 ans, la puissance statistique est suffisante, il n’y avait aucun traitement hypolipémiant à l’enrôlement.
Au chapitre des faiblesses. Tout d’abord, l’unicité de la population rend les conclusions difficilement applicables à d’autres groupes ethniques. Ensuite, les diagnostics de xanthélasma et d’arc cornéen ont été réalisés uniquement à l’inspection des patients. Certaines formes modérées ont, de ce fait, pu échapper aux investigateurs conduisant à une sous-estimation de données de morbimortalité.
British Medical Journal ;343:d5497, doi:10.1136/bmj.d5497.
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