Maculopathie chronique : l’évaluation à domicile via l’appli OdySight aussi performante que les tests en cabinet

Par
Publié le 06/02/2024
Article réservé aux abonnés

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Permettre le suivi à distance des patients atteints de maculopathie chronique : la promesse de la société Tilak Healthcare se concrétise un peu plus avec la démonstration, dans une étude prospective en vie réelle, d’une performance de son application mobile OdySight équivalente aux tests cliniques standards.

La société fondée par le Pr José-Alain Sahel, ancien directeur de l'Institut de la vision, et Édouard Gasser, ancien directeur chez Gameloft, a présenté dans un communiqué les résultats de son étude TIL-002 menée auprès de 58 patients et 105 yeux. L’objectif était de comparer les mesures de l'acuité visuelle à 40 cm effectuées à domicile avec OdySight à celles obtenues en consultation.

Concrètement, l’appli propose un test d'acuité visuelle qui mesure la capacité à distinguer les détails et un test d’Amsler pour évaluer la partie centrale du champ visuel. Sa performance a été évaluée sur un an et demi dans trois centres : l’hôpital des 15-20 (Paris), le Centre ophtalmologique Rabelais (Lyon) et l’Institut ophtalmologique de l’Ouest au sein de la clinique Jules Verne (Nantes).

Une forme ludique pour favoriser l’observance

Au-delà du suivi à distance, l’intérêt du dispositif repose sur sa « gamification » (utilisation des mécanismes du jeu). La dimension ludique est présente « pour donner une motivation supplémentaire aux patients. Le but c’est l’observance, indique le Dr Jean-François Girmens, ophtalmologue à l’hôpital des 15-20 et directeur médical de Tilak Healthcare. Tous les patients ne jouent pas. Mais les données d’usage montrent une rétention plus importante chez les joueurs par rapport aux non-joueurs ».

Dans l’étude TIL-002, l’analyse statistique sur 89 yeux a porté sur des données collectées le même jour par l’appli et par les tests standards ETDRS (Early Treatment Diabetic Retinopathy Study) en consultation. « Pour chaque paire de mesures, la moyenne et la différence entre les deux ont été prises en compte », explique l’ophtalmologue. Entre les deux méthodes (appli et consultation), il ressort un écart moyen de 0,33 lettre.

Aussi, la variabilité entre deux mesures chez un même patient, souvent liée à la maladie elle-même, ne remet pas en cause la pertinence de l’évaluation. « Dans 82 % des mesures réalisées avec OdySight, cette variabilité reste dans un écart jugé raisonnable, à plus ou moins neuf lettres par rapport à la valeur standard », poursuit le Dr Girmens.

Ces résultats, présentés au congrès de la Société française d’ophtalmologie (SFO) en mai 2023, n’ont pas encore été publiés. Ils complètent une première étude, TIL-001, publiée dans Ophthalmology and Therapy, où les mesures d’OdySight étaient collectées dans un environnement contrôlé.

Les données des mesures de l’appli sont communiquées automatiquement au médecin. Ce dernier reçoit une notification lorsqu’une baisse de la vision est détectée. « Si le patient sort de la variabilité habituelle observée, il est invité à renouveler le test le lendemain. Si la baisse est confirmée, l’ophtalmologue est averti et une prise en charge peut être organisée rapidement », souligne le Dr Girmens.

7 100 patients « actifs »

Disponible sur prescription médicale, le dispositif est pour l’heure pris en charge dans le cadre d’une expérimentation de l’article 51. Tilak Healthcare vise un remboursement par le régime de droit commun. Depuis sa mise à disposition en juin 2018, plus de 16 000 patients ont bénéficié de l’appli. « Actuellement, nous avons 7 100 patients “actifs” », précise le Dr Girmens.

Le dispositif est bien accueilli par les ophtalmologues, mais aussi par les patients « rassurés » par la surveillance et la notification des praticiens en cas de problème, « surtout quand les consultations de suivi s’espacent », souligne l’ophtalmologue.

« À l'heure où le vieillissement de la population entraîne une hausse des maculopathies chroniques comme la DMLA, de nouveaux traitements par anti-VEGF permettent d'améliorer fortement la qualité de vie en espaçant les injections jusqu’à quatre mois. Pour favoriser l’adoption rapide de ces nouveaux médicaments, il est indispensable de disposer d'un outil de surveillance entre les consultations que les patients puissent utiliser facilement et sans assistance », conclut-il.


Source : lequotidiendumedecin.fr