L’équipe de Jean Bennett et son mari Albert Maguire (États-Unis) avait démontré en octobre 2009, dans un essai de phase I/II, la sécurité et l’efficacité d’une thérapie génique chez 12 patients atteints d’une amaurose congénitale de Leber. Ces 12 patients, dont 5 enfants (4 âgés de 8 à 11 ans), avaient reçu dans l’œil le plus atteint une injection sous-rétinienne de thérapie génique – un virus AAV (virus adéno-associé) portant le gène RPE65, muté chez ces patients.
Chacun des sujets traités dans le premier essai avait présenté une légère amélioration de la fonction rétinienne et visuelle de l’œil injecté. Six sujets étaient suffisamment améliorés pour ne plus être classés comme légalement aveugles.
Bennett et coll. décrivent maintenant le succès de la réadministration de la thérapie génique dans l’autre œil chez trois adultes du premier essai.
« Notre inquiétude, indique le Dr Bennett, était que le premier traitement puisse causer une réponse immune de type vaccinal qui pourrait amorcer le système immunitaire d’un individu à réagir contre une exposition répétée. Puisque l’œil est relativement isolé du système immunitaire de l’organisme (il est “immunoprivilégié”), on considérait qu’une telle réponse était moins probable que dans d’autres régions du corps, mais l’idée devait être testée en pratique. »
Ces patients, traités l’un après l’autre à 2 mois d’intervalle, ont reçu la seconde injection entre 1,5 ans et 3 ans après la première thérapie génique. Les résultats à six mois ne montrent aucun effet néfaste sérieux.
Chez chaque sujet, le « second » œil est devenu bien plus sensible à la lumière faible. Pourtant, ces yeux avaient été sévèrement affectés depuis plus de vingt-cinq ans (et plus de quarante-cinq ans chez un individu). Deux patients ont aussi acquis une plus grande aptitude à parcourir un champ d’obstacles en lumière faible.
« Les trois patients nous ont signalé combien leur vie a changé après avoir reçu la thérapie génique. Ils sont capables de marcher la nuit, d’aller faire leurs courses, et de reconnaître le visage des personnes – toutes ces choses qu’ils ne pouvaient pas faire avant. En même temps, nous avons pu mesurer de façon objective des améliorations dans la sensibilité à la lumière, dans la vision latérale, et dans d’autres fonctions visuelles », précise le Dr Bennett.
« Science Translational Medicine », 8 février 2012, Bennett et coll.
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