Top départ pour la primoprescription de lunettes par les orthoptistes, un « gain de temps médical », se félicite Agnès Firmin Le Bodo

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Publié le 31/01/2023
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Crédit photo : Burger/Phanie

Plus d’un an après son vote au Parlement, c’est officiel : dès demain mercredi, les patients âgés de 16 à 42 ans pourront « consulter un orthoptiste pour la première prescription de verres correcteurs », se félicite le ministère de la Santé, qui voit dans cet accès direct « une nouvelle avancée pour les patients ».

Prévue dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, la primoprescription de lunettes par les orthoptistes n’était, jusqu'alors, pas encore applicable. « Pour être effective, cette mesure nécessitait un dernier texte réglementaire », rappelle le ministère. Cet arrêté – dressant la liste des contre-indications nécessitant une réorientation vers l’ophtalmologiste – vient d’être publié hier au Journal officiel.

Liste des pathologies contre-indiquées

Dans les faits, dès le 1er février, les orthoptistes pourront réaliser en accès direct un bilan visuel chez les jeunes patients et dresser une prescription de verres correcteurs. Pour les patients déjà porteurs d’une correction visuelle, le bilan visuel et la prescription ne peuvent être réalisés par l'orthoptiste que si le dernier bilan réalisé par le médecin date de moins de cinq ans.

La prescription de verres correcteurs par ces paramédicaux est toutefois contre-indiquée dans trois situations, précise l'arrêté : chez les patients qui présentent un trouble de la réfraction associé à une pathologie ophtalmique (glaucome, DMLA, rétinopathie diabétique, hypertension intraoculaire isolée, etc.), en cas de trouble de la réfraction associé à une pathologie générale (diabète, HTA mal contrôlée, Sida, maladie auto-immune etc..), et, enfin lorsque ces troubles sont associés à la prise d’un médicament au long cours pouvant entraîner des complications oculaires (corticoïdes, antipaludéens de synthèse, chimiothérapie, molécule à effet atropinique…).

Cette liste de contre-indications est « conforme aux préconisations du Conseil national professionnel d'ophtalmologie », a réagi sur les réseaux sociaux le Dr Thierry Bour, président du Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof).

Pas de dépassement d'honoraires

« Réjouie », la ministre déléguée aux Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo voit dans cette mesure « une véritable simplification du parcours et un levier de gain de temps médical ». Avec cette nouvelle délégation de tâche, Ségur espère diminuer les délais d’attente et libérer « du temps médical des ophtalmologistes pour les patients présentant des affections plus complexes ».

Pour le ministère, le recours aux orthoptistes pourrait aussi être un levier de lutte contre le renoncement aux soins visuels, car « les orthoptistes étant une profession paramédicale, ceux-ci ne peuvent pas réaliser de dépassement d'honoraires ».

En décembre dernier devant la presse, le Snof avait rappelé que la réorganisation de la filière visuelle autour du travail aidé avec les orthoptistes avait permis de diminuer les délais d'accès aux soins. Renouvellement d’équipement par les orthoptistes, télémédecine et primoprescription : « les nouvelles mesures peuvent conduire à prendre en charge un million de patients supplémentaires par année et réduire définitivement les problèmes d’accès aux soins oculaires », avait indiqué le Snof.

Le syndicat souhaite toutefois que l’impact de la primoprescription par les orthoptistes pour les patients de 16 à 42 ans soit évalué à l’avenir.


Source : lequotidiendumedecin.fr