Amélioration de certaines fonctions visuelles chez la souris

Une nouvelle étape dans la régénération du nerf optique

Publié le 23/05/2012
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Crédit photo : BSIP

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S’IL EST EXCLU d’envisager l’application de cette méthode, telle quelle, chez l’homme, une voie prometteuse est tracée.

On était déjà arrivé à stimuler les cellules ganglionnaires de la rétine (RGC) de sorte de provoquer une réparation des axones sur au moins une partie de leur trajet dans le nerf optique. La nouvelle approche utilisée par les chercheurs américains et brésiliens permet donc littéralement d’aller plus loin, c’est-à-dire de dépasser le chiasma optique et d’étendre la régénération axonale jusqu’aux centres cérébraux de la vision. Comment y sont-ils parvenus ? Au moyen d’une trithérapie particulière : Zymosan, analogue de l’AMPc, délétion du gène PTEN.

Le Zymosan provoque un afflux de cellules inflammatoires sécrétrices d’oncomoduline et d’autres facteurs de croissance incontournables pour réactiver les RGC.

L’injection concomittante d’un analogue de l’AMP cyclique, le (CPT)-cAMP, aide à maintenir la liaison de l’Ocm aux cellules ganglionnaires.

Enfin, troisième partenaire de cette association synergique, la délétion du gène PTEN renforce encore, au moyen d’un mécanisme dérépresseur, l’action des deux molécules.

Cette triple association a été testée dans deux groupes de souris : certaines (groupe I, AAV2-Cre, n = 35) qui recevaient, dans l’œil gauche, un adénovirus porteur du gène de la recombinase Cre (qui permet d’éliminer le gène pten) ; d’autres (groupe II, AAV2-GFP, n=19) à qui était injecté un adénovirus contrôle.

La survie des cellules ganglionnaires.

Les auteurs observent, de dix à douze semaines après le traitement, un nombre important d’axones (marqués à la CTB pour suivre leur trajet) tout au long du nerf optique dans le groupe I. La trithérapie accroît aussi la survie des cellules ganglionnaires (36 % des cellules originaires, à dix semaines, versus 16 % d’entre elles dans le groupe contrôle, p ‹ 0,001). La régénération axonale s’étend, chez les animaux traités, jusqu’au corps géniculé latéral dorsal controlatéral (dans le diencéphale), chez 11 souris sur 13 examinées, et jusqu’au colliculus (ou tubercule quadrijumeau) supérieur également controlatéral, sans concerner des aires inadéquates.

Différents tests comportementaux ont permis à l’équipe de Larry Benowitz de vérifier que ces observations anatomiques se traduisent par un certain impact sur divers aspects de la fonction visuelle des rongeurs, en particulier la réponse opto-motrice et l’entraînement photonique de l’activité circadienne (rétablissement partiel de la synchronisation du cycle jour-nuit), ainsi que le recouvrement partiel du réflexe pupillaire à la lumière, noté chez un tiers des animaux traités.

Toute l’étendue du nerf optique.

Mais l’argument le plus convaincant apporté par l’évaluation conduite par les chercheurs est certainement que la combinaison de la délétion du gène Pten (qui empêche les cellules de se diviser trop rapidement) et de deux molécules inductrices de facteurs de croissance (comme l’oncomoduline) essentiels à la régénération des cellules ganglionnaires de la rétine permet de faire repousser l’axone de la vision sur toute l’étendue du nerf optique, au-delà du chiasma et jusqu’aux centres cérébraux de la vision. La faisabilité d’une telle approche est donc démontrée. Reste maintenant à trouver un moyen d’adapter cette méthode en sorte qu’elle devienne acceptable en clinique humaine. Il y a donc encore du chemin à faire...

Benowitz Larry et coll. Full-length axon regeneration in the adult mouse optic nerve and partial recovery of simple visual behaviors. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne.

 Dr BERNARD GOLFIER

Source : Le Quotidien du Médecin: 9130