Les labyrinthes en acuse

Les vertiges de l’IRM enfin compris

Publié le 26/09/2011
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Crédit photo : S TOUBON

UN MYSTÈRE est élucidé. Celui des vertiges ou des sensations vertigineuses causés par l’IRM, que ce soit à l’intérieur du tunnel ou après la fin de l’examen. Le mérite en revient à des neurologues de l’université Johns Hopkins (Baltimore, Maryland). Ils ont eu la finesse de s’intéresser aux centres de l’équilibre que sont les labyrinthes.

Pour explorer cette voie de recherche, Dale C. Roberts et coll. ont enrôlé dix volontaires à la fonction labyrinthique intacte et deux sujets privés de cette fonction. Les scientifiques ont non seulement exploré la survenue de sensations vertigineuses, mais aussi relevé l’existence d’un nystagmus. Et comme tout élément visuel pouvait perturber l’examen, les IRM ont été réalisées dans le noir, le nystagmus était traqué par des caméras capables de filmer la nuit.

Un nystagmus au cours de l’examen.

Tous les participants sains ont déclenché un nystagmus au cours de l’examen, mais aucun des deux autres. La conclusion s’impose d’elle-même le labyrinthe joue un rôle dans les vertiges induits par l’IRM. L’équipe a voulu aller plus loin en étudiant le rôle de la puissance de la machine. De fait, plus elle s’élève plus le nystagmus bat vite et ce pendant toute la durée du passage dans le tunnel. Restait à changer l’orientation des participants dans la machine. Ce qui a inversé le sens de battement des nystagmus. Il existe donc une sensibilité directionnelle au champ magnétique.

Si la conclusion est bien celle d’une interrelation entre le champ magnétique et l’oreille interne, les auteurs se sont demandé par quel biais. Ils évoquent la force de Lorentz. Le champ magnétique agit sur les particules chargées dans le fluide des canaux semi-circulaires. Il exerce une force telle que le liquide salin se déplace provoquant un mouvement des cils du labyrinthe qui crée la sensation vertigineuse.

Cette interaction avec des fluides corporels soulève un problème, celui de l’IRM fonctionnelle. Au cours de cet examen les médecins s’intéressent aux flux sanguins pour évaluer l’activité cérébrale, notamment. Le champ magnétique de l’IRM ne pourrait-il pas induire par lui-même certains mouvements liquidiens susceptibles de modifier les données de l’examen ? Une voie de réflexion est ouverte.

Current Biology, 22 septembre 2011.

 Dr GUY BENZADON

Source : Le Quotidien du Médecin: 9011