LA DEMANDE d’adaptation de lentilles pour les patients de moins de 20 ans a fortement augmenté ces dernières années. Aux indications purement ophtalmologiques qui peuvent concerner les enfants en dessous de 10 ans, se sont ajoutées, chez les adolescents, des demandes à but esthétique et de praticité, par exemple pour la pratique du sport. Ces jeunes patients sont équipés plus tôt qu’autrefois, avec le soutien des parents qui sont souvent également demandeurs. Aujourd’hui, parmi les moins de 20 ans, 50 % des nouveaux porteurs ont moins de 16 ans, et la tranche d’âge 13-16 ans représentent 40 % d’entre eux. Les filles sont plus concernées (65 % des prescriptions chez les moins de 20 ans) et mettent en avant essentiellement des considérations esthétiques. Les garçons s’équipent en moyenne un peu plus tard, le plus souvent pour le confort apporté par les lentilles lors d’une pratique sportive. Les moins de 10 ans représentent une part moins importante de porteurs et la prescription est le plus souvent liée à une forte amétropie, pour laquelle la prescription de lentilles conjugue un aspect esthétique et une incidence optique bénéfique.
Ces changements peuvent être expliqués par plusieurs phénomènes. Avec 6 millions de porteurs, les lentilles de contact sont devenues aujourd’hui un produit de consommation courante. Les adolescents connaissent le produit, son image positive est relayée par les médias actuels, contrairement au port de lunettes. L’importance de l’esthétique et du look est une préoccupation essentielle dans cette tranche d’âge.
L’évolution des prix à la baisse a également participé à démocratiser le port de lentilles chez les jeunes. La plus grande fréquence de renouvellement des lentilles souples permet leur remplacement peu onéreux en cas de perte ou de détérioration. Le prix des lentilles rigides a de même beaucoup diminué ces dernières années, parfois de près de 50 %, avec un effort important fait par les fabricants dans ce domaine.
Quelles lentilles pour quel âge ?
Les matériaux ont évolué. Ils sont plus sûrs, plus perméables à l’oxygène. Le port prolongé est permis, ce qui correspond plus au mode de vie des adolescents, qui peuvent les porter pendant 16 à 18 heures, du lever jusqu’au coucher. Le port permanent reste cependant déconseillé pour toutes les lentilles souples. Ces nouveaux matériaux permettent une adaptation facilitée même chez les plus jeunes.
Les lentilles rigides sont encore les plus prescrites chez les enfants jusqu’à 13 ans en première intention, pour des raisons de sécurité. En cas de complication, le port d’une lentille rigide est mal toléré ce qui constitue un signe d’alerte, tandis que les lentilles souples jouent un rôle de pansement et peuvent conduire à un retard au diagnostic et de prise en charge. Ainsi, plus l’enfant est jeune, plus le choix de l’ophtalmologiste se portera sur les lentilles rigides gaz-perméable, qui ont une incidence de complications moins importante. On privilégie les matériaux existant les plus perméables à l’oxygène, qui permettent de prescrire des ports permanents.
Dans les tranches d’âge supérieures, les jeunes sont en revanche plutôt équipés de lentilles souples. Le silicone hydrogel est prescrit en première intention et représente plus de 34 % du marché cette année. Les anciennes prescriptions de lentilles hydrogel sont progressivement remplacées par des silicones hydrogel sans augmentation de coût.
Les lentilles journalières jetables représentent seulement 10 % des prescriptions du fait de leur coût plus élevé. Il s’agit souvent d’un double équipement pour une utilisation occasionnelle, par exemple sportive, en relais des lentilles rigides pour éviter leur perte. Elles permettent ainsi une complémentarité entre une réfraction optique parfaite donnée par les lentilles rigides, nécessaire au développement de la vision chez l’enfant, et une option transitoire peu coûteuse, permettant de s’adapter au mode de vie sportif des enfants, apportée par les lentilles journalières.
Les ophtalmologistes intéressés par la contactologie.
Par ailleurs, la contactologie est une spécialisation qui intéresse de nombreux ophtalmologistes, comme en témoigne le nombre d’adhérents à la société française des ophtalmologistes adaptateurs de lentilles de contact (SFOALC). Celle-ci regroupe environ 1 000 membres, soit près de 20 % de la profession. L’offre de soins en contactologie s’est largement diffusée sur le territoire français, permettant un accès facilité pour les patients. Les praticiens possèdent un stock important de lentilles, permettant de répondre rapidement à la demande pour la plupart des amétropies, et de proposer une adaptation simplifiée en réduisant le nombre de rendez-vous nécessaire.
Les grands enfants et les adolescents s’adaptent le plus souvent sans difficulté à la manipulation des lentilles, avec un apprentissage très rapide. Les fabricants ont, de plus, développé un certain nombre d’outils de communication adaptés aux enfants, comme des CD de démonstration de manipulation.
Il convient cependant d’insister, comme auprès de tous les porteurs de lentilles, sur la nécessité du respect des règles d’hygiène et d’entretien, qui restent primordiales quels que soient les progrès faits sur les matériaux, et sur le respect de la fréquence de renouvellement pour les lentilles souples. Les plus jeunes ne sont pas forcément ceux qui font le plus d’erreurs d’entretien, car ils agissent sous la supervision de leurs parents. Les consultations de suivi régulières réalisées chez les enfants, du fait de l’évolution rapide de leur amétropie et de la nécessité d’adapter la puissance des lentilles, permettent de vérifier la bonne application des règles d’hygiène.
D’après un entretien avec le Dr Florence Malet, CHU de Bordeaux.
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