Jusqu’à la naissance, le tube digestif du fœtus est stérile. Mais au moment de l’accouchement -lorsque celui-ci se fait par voie basse- le nouveau-né entre en contact avec les flores vaginale et fécale de sa mère. Son tube digestif est alors colonisé par de multiples bactéries dont certaines sont utiles au bon fonctionnement de la digestion, du transit et du système immunitaire. Ce qui n’est possible lors d’une césarienne, l’enfant étant extrait par l’abdomen. « Il faut toutefois faire la différence entre les césariennes programmées et celles effectuées pendant le travail. Dans le premier cas, il n’y a pas de rupture de la poche des eaux et donc pas du tout de contact avec la filière génitale et fécale de la mère. Mais, lorsque la césarienne est effectuée pendant le travail, les membranes sont souvent rompues, le nouveau-né profite alors de la flore maternelle, ce qui l’aide à se constituer sa propre flore intestinale », indique le Dr Florence Campeotto, pédiatre au service de gastro-entérologie pédiatrique de l’hôpital Necker.
Le recours à la césarienne peut également retarder la mise en route de l’allaitement, l’absence du stress de l’accouchement et de contraction réduisant la sécrétion de prolactine et d’ocytocine. Dans certains cas, la césarienne favorise aussi son abandon : fatigue liée à l’intervention chirurgicale, découragement de la mère face à la montée laiteuse tardive, difficultés de succion de l’enfant né avant terme par césarienne programmée… Or, comme la flore maternelle, le lait de la mère contient des lactobacilles et des bifidobactéries bénéfiques à la santé de l’enfant et la maturation de son microbiote intestinal.
Diminuer les diarrhées, les infections respiratoires et l’atopie
« L’enfant né par césarienne n’ayant pas l’opportunité d’être en contact avec la flore bactérienne de sa mère, ni d’être allaité, rencontre toutefois d’autres bactéries -entérobactéries, streptocoques, staphylocoques- présentes dans l’air et sur la peau et pouvant devenir pathogènes. Elles peuvent être par exemple à l’origine de gastro-entérites », note le Dr Campeotto.
De multiples études scientifiques internationales traitant des conséquences de la césarienne sur la santé de l’enfant vont plus loin. Une étude Finlandaise de référence (1) met notamment en évidence l’implantation tardive et en quantité moindre des bifidobactéries et des lactobacilles chez les enfants nés par césarienne comparés à ceux nés par voie basse. Une méta-analyse (2) de 33 études rapporte également un risque d’asthme majoré de 20 % chez les nourrissons nés par césarienne. Ce risque est d’autant plus important qu’il existe un terrain familial allergique. Quant aux rhinites allergiques, une étude américaine observe une fréquence de 38 % plus élevée chez les enfants nés par césarienne (3). Une étude allemande (4) met, par ailleurs, en évidence, une élévation de 80 % du risque de sensibilisation aux allergènes alimentaires et de 17 % du risque d’épisodes diarrhéiques jusqu’à 12 mois. « Lorsque l’allaitement maternel n’est pas possible, l’idéal est de proposer aux enfants nés par césarienne, un lait infantile enrichi en probiotiques -lactobacilles et/ou bifidobactéries- favorisant ainsi leur implantation dans le tube digestif du nouveau-né. Ces recommandations ont été publiées en 2011 dans le Journal de gastro-entérologie pédiatrique. Nous sommes certains de l’innocuité des probiotoques chez les nouveau-nés et savons qu’ils peuvent aider à diminuer l’incidence et la sévérité des diarrhées, des infections respiratoires et de la maladie atopique », conclut le Dr Campeotto.
D’après une conférence de presse organisée par Novalac Cæsar
(1) Grölund MM, Lehtonon OP, Eerola E, Kero P. Fecal microflora in healthy infants born by different methods of delivery : permanent changes in intestinal flora after cesarean delivery. J Pediatr Gastroenterol Nutr 1999;28:19-25.
(2) Bager P, Caesarian delivery and risk of atopic and allergic desease : meta-analyses. Clin Exp Allergy, 2008;38:634-42.
(3) Renz-Polster H. et Coll. Caesarean section delivery and the risk of allergic disorders in childhood. Clin Exp Allergy 2005;35:1466-72.
(4) Laubereau B. et coll. Caesarean section and gastrointestinal symptoms, atopic dermatis, and sensibilisation during the fist year of life. Arch Dis Child 2004;89:993-97.
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