Quatre axes, 16 objectifs : ce vendredi, à l’issue des Assises de la pédiatrie réunies au Conseil économique et social et environnemental (Cese), Frédéric Valletoux a confirmé au Quotidien le montant approximatif de 300 millions d’euros par an pour mettre en œuvre un arsenal de mesures, dans le cadre de la feuille de route 2024-2030. Le plan mêle mesures immédiates et réponses de moyen et long terme.
Le gouvernement entend d’abord mettre l'accent durablement sur la prévention, avec la volonté de systématiser la réalisation des 20 examens obligatoires de l'enfant. Dès l’été 2024, le nouveau modèle du carnet sera défini et à partir de 2025 le contenu actualisé des 20 examens de santé obligatoires de l’enfant ainsi que l’alimentation automatique des 3 certificats de santé de l’enfant seront disponibles. « La refonte en cours du carnet de santé de l'enfant permettra d'avoir un meilleur suivi de ces examens », souligne l'entourage des ministres.
Consultation obligatoire à six ans
Il souhaite aussi créer une nouvelle « consultation obligatoire à six ans » pour détecter d'éventuels troubles du neuro-développement, du langage ou optiques. Axe clé de la prévention, la vaccination contre la bronchiolite avec le Beyfortus de Sanofi, réservée cette année aux maternités, sera étendue l'an prochain aux praticiens en ville.
Le plan prévoit aussi de faciliter l'accès aux orthophonistes, sans passage au préalable par un médecin traitant. Face aux besoins croissants, il promet une augmentation du nombre de places de formation pour cette spécialité de 10 % dès 2025 à 50 % en 2030.
Autre priorité : redéfinir le socle des missions de la santé scolaire et autoriser des passerelles entre les médecins de l’Education nationale, les hospitaliers et libéraux « pour une présence médicale plus soutenue dans nos écoles ». Parallèlement, dès lors qu’ils sont thésés, les étudiants pourront passer le concours de médecine de l’Education nationale avant la fin de leur internat.
Des prises en charge revalorisées
L’exécutif promet ensuite des revalorisations pour ces professionnels intervenant dans les établissements publics. Revalorisations également attendues pour les pédo-psychologues, dont le nombre dans les centres médico-psychologiques (CMP) doit augmenter.
En 2024, les tarifs des séjours de pédiatrie font l’objet d’une évolution ciblées de +2,6% par rapport à l’évolution moyenne des tarifs de court séjour. De façon plus structurelle, il est prévu de porter une revalorisation de la pédiatrie dans le cadre de la réforme du financement de l’hôpital : ouverture d’un chantier sur la révision des tarifs applicables aux activités de pédiatrie pour mieux valoriser la complexité des soins aux enfants. Et côté libéral, le projet de convention médicale met parallèlement l’accent sur la pédiatrie, spécialité au bas de l’échelle des revenus.
L’accès direct aux soins non programmés et l’optimisation du recours aux services d’urgences sont également prioritaires. Le ministre souhaite que se développe « partout où c’est possible », une filière pédiatrique dans les services d’accès aux soins (SAS) qui doivent couvrir « d’ici l’été », l’intégralité du territoire. Parallèlement, l’exécutif ambitionne de développer une filière pédiatrique des soins médicaux et de réadaptation et développer l’hospitalisation à domicile en pédiatrie. Autre annonce, la reconnaissance d’une filière de soins pédiatriques haitement spécialisés.
Pour prévenir la dépression post-natale, un entretien réalisé après l'accouchement sera systématisé avec remboursement intégral. Des solutions de répit pourront être proposées pour prévenir l'épuisement parental comme des lieux d'accueil d'urgence ou des garderies solidaires.
Le gouvernement insiste aussi sur la nécessité d'améliorer l'accès aux soins pour les enfants victimes de violences, prévoyant des examens gratuits en santé mentale ou avec des psychomotriciens.
Davantage d’internes et des IPA en santé des enfants
En néonatalogie, l'objectif est de garantir un taux d’équipement en réanimation néonatale cible d’un lit pour 1 000 naissances dans chaque région (+4 % par rapport à aujourd’hui).
Côté cursus, l’enjeu est de former davantage de professionnels à la santé de l’enfant. Pour y parvenir, le gouvernement compte accroître de 50 % le nombre de places en formation en médecine pédiatrique d’ici à 2030 pour atteindre 600 places par an. Il entend parallèlement créer une mention en pratique avancée en santé des enfants pour les infirmiers pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard.
Sinistrée, la pédopsychiatrie fait l’objet d’un objectif à part. Le plan rappelle la simplification du dispositif MonSoutienPsy, accessible dès l’âge de trois ans (le tarif des séances augmentant de 30 à 50 euros, l’accès direct au psychologue étant rendu possible et le patient pouvant bénéficier de 12 séances annuelles au lieu de huit). Au menu aussi, le renforcement des centres médico-psychologiques infanto-juvéniles et la formalisation de filières de soins non programmés en pédopsychiatrie. Une planification des ressources humaines nécessaires est aussi prévue sur le base d’une projection des besoins à 10 ans en pédopsychiatrie.
Enfin, une grande cohorte pédiatrique prénatale, comprenant 200 000 familles enrôlées sur quatre ans, permettra de mieux comprendre les déterminants environnementaux et psychosociaux de la survenue des pathologies pédiatriques, notamment les cancers.
Publication le 23 mai, mise à jour le 24 mai.
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