L’épidémie de VRS survient cette année dans un contexte de dette immunitaire globale et souligne de manière spectaculaire l’état de notre système de santé de l’enfant, qui n’est plus en mesure de répondre aux besoins. Alors que de nombreuses familles n’ont plus de médecin généraliste et que les praticiens libéraux ne peuvent plus absorber toutes les demandes de consultations non programmées, les familles affluent par centaines vers les urgences pédiatriques, non équipées pour faire face. Historiquement sous-dotés en locaux et en personnel soignant, ces services débordent, dans des conditions d’accueil très dégradées, où s’accumulent des dizaines de familles, médusées par leur état d’encombrement.
Tous ces enfants admis pour consultations constituent une telle charge de soin qu’ils doivent patienter de longues heures, dans un climat de tension voire d’agressivité. La prise en charge immédiate des patients graves, qui sont nombreux en cette période, relève de l’exploit. Et les enfants en attente d’hospitalisation s’accumulent à leur tour dans les urgences, faute de place dans des services au capacitaire insuffisant, en manque de personnel mais aussi sous-dimensionnés pour beaucoup.
Ainsi, des dizaines d’enfants sont « hospitalisés » durant des heures dans les couloirs des urgences, parfois sous oxygène haut débit, voire sous VNI, dans l’espoir d’une place en réanimation, en soins continus ou dans n’importe quel service susceptible de les recevoir, parfois à plusieurs centaines de kilomètres de chez eux… Les équipes soignantes épuisées font de leur mieux pour répondre aux besoins, mais le nombre des démissions ne fait que s’accélérer, tant les risques d’erreur sont majeurs et les conditions de travail éprouvantes.
C’est pourtant dans un tel chaos que se poursuivent les discussions autour de la réforme du financement des urgences, qui prévoit que celui-ci soit minimisé pour les patients âgés de moins de 16 ans, car la prise en charge est jugée globalement moins lourde ! Cette réforme risque ainsi faire perdurer un système déjà très inégalitaire de longue date, et aujourd’hui à bout de souffle. La prise de conscience de la gravité de la situation par les autorités de notre pays devient urgente.
Reste à espérer que la proposition, faite par le ministre de la Santé, d’organiser des assises de la santé de l’enfant au printemps permette un travail collaboratif à la hauteur de l’enjeu : la santé des enfants d’aujourd’hui, celle des adultes de demain.
Présidente de la Société française de pédiatrie, CHU de Nantes
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?