Alors qu’après l’hospitalisation et l’instauration du traitement, la grande majorité des enfants souffrant de bronchiolite vont récupérer rapidement, avec un faible risque de réhospitalisation (moins de 5 %), un suivi après la sortie de l’hôpital est souvent programmé. Il concernait même jusqu’à 85 % des enfants dans une étude menée en Utah (États-Unis). Pourtant, aucune étude randomisée n’a jamais validé cette stratégie. Est-elle justifiée, ne serait-ce que pour rassurer les parents ? La réponse est non. Une étude randomisée comparant un suivi préprogrammé à un suivi à la demande n’a mis en évidence aucun avantage au suivi préprogrammé, ni en termes d’anxiété parentale ni en termes de durée des symptômes ou de réhospitalisations (1).
Une étude menée en Utah deux hivers consécutifs
L’étude BeneFIT, menée en Utah (États-Unis) est une étude ouverte de non-infériorité. Elle porte sur plus de 300 enfants hospitalisés pour bronchiolite deux hivers consécutifs, entre janvier 2018 et avril 2019, dans quatre hôpitaux. Ces enfants ont moins de 2 ans et devaient être indemnes de maladie chronique pulmonaire, cardiaque, d’immunodéficience ou de maladie neuromusculaire et ne pas nécessiter d’oxygénothérapie à la sortie. Les enfants ont été randomisés en deux groupes : suivi avec consultation préprogrammée à J4 après la sortie ou suivi à la demande, dans lequel il était recommandé aux parents de se mettre en rapport avec les pédiatres si les symptômes ne s’amélioraient pas ou empiraient.
Le critère primaire retenu est l’anxiété parentale à J7 (hospital anxiety and depression scale [HADS], 0-28 points). Elle a été mesurée deux fois : 2 jours avant la sortie de l’hôpital (anxiété basale) et 7 jours après cette sortie (par téléphone).
Les critères secondaires incluent la durée des symptômes, le recours aux soins ambulatoires, les réhospitalisations et des critères liés aux parents et analysés par centre, comme la satisfaction, les jours de travail manqués et la qualité de la relation avec les pédiatres.
Dans cette étude, portant sur 300 enfants d’âge médian 8 mois, 15 % ont moins de 2 mois, plus de la moitié (55 %) entre 2 et 12 mois et un peu moins d’un tiers (29 %) ont entre 1 et 2 ans. Les garçons sont majoritaires (60 %). Une partie d’entre eux a des antécédents de sifflement (27 %) et/ou d’eczéma (20 %). Ils sont restés en moyenne 2 à 3 jours à l’hôpital et sont sortis après en moyenne 6 jours de symptômes.
Guère plus d’angoisse parentale dans le groupe suivi à la demande
Après la sortie de l’hôpital, 81 % des enfants du bras suivi programmé se sont rendus à la consultation prévue (à J3 en général), quand 19 % des enfants du bras suivi à la demande ont consulté un pédiatre. Soit une différence de 62 % du taux de consultation dans les jours suivant l’hospitalisation.
Le score parental moyen d’anxiété à J7 est de 3,9 (médiane 3,5) dans le bras suivi à la demande versus 4,2 (3,5) dans le bras suivi préprogrammé (soit une différence non significative de — 0,3 ; [— 1 ; — 0,4] ; la limite supérieure de non-infériorité étant préspécifiée à 1,1). En termes d’angoisse parentale, le suivi à la demande est donc non inférieur au suivi préprogrammé.
Mis à part la réduction du nombre de consultations (— 0,6/patient), il n’y a pas de différence entre la stratégie suivi à la demande et suivi préprogrammé, en particulier en termes de réhospitalisations, de durée des symptômes et de délai entre la sortie de l’hôpital et le retour à l’état normal de l’enfant, pas plus qu’en termes de délai entre sortie et résolution des symptômes.
Une étude bien utile en ces temps de Covid-19
« Cet essai, bien que de taille limitée, suggère qu’en absence de comorbidité ou complication particulière, les moins de 24 mois hospitalisés pour bronchiolite peuvent sortir sans suivi particulier préprogrammé, résume l’éditorialiste (2). Cela est bien rassurant en ces temps de pandémie à Covid-19. »
« Au-delà de la bronchiolite, d’autres études seraient nécessaires pour tester l’utilité du suivi préprogrammé chez des enfants hospitalisés pour d’autres étiologies aiguës. Alors qu’avec la pandémie, on a de plus en plus recours aux suivis téléphoniques ou en visio, qui pourraient constituer une autre manière de suivre certaines populations d’enfants », ajoute-t-il.
(1) ER Coon et al. Comparison of As-Needed and Scheduled Posthospitalization Follow-up for Children Hospitalized for BronchiolitisThe Bronchiolitis Follow-up Intervention Trial (BeneFIT) Randomized Clinical Trial. JAMA Pediatr. 2020 ;174(9):e201937. doi :10.1001/jamapediatrics.2020.1937
(2) JG Berry et al. Being Mindful About Follow-up Care After Pediatric Hospitalization for Bronchiolitis. JAMA Pediatr 2020 ;174(9) :e201945. doi :10.1001/jamapediatrics.2020.1945
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