Si l'espérance de vie des personnes ayant survécu à un cancer survenu durant l'enfance s'est améliorée avec les progrès médicaux, elle reste inférieure à celle de la population générale, avec toutefois des différences de survie selon les traitements reçus. Parue dans le « JAMA Oncology », une étude américaine témoigne de l'importance d'un suivi à long terme pour ces patients.
« Cette étude met en lumière, dans une large cohorte, les problématiques du devenir des patients guéris, commente pour « le Quotidien » la Dr Dominique Valteau-Couanet, chef du département de cancérologie de l'enfant et de l'adolescent de Gustave-Roussy. La prise en charge des cancers pédiatriques répond à un double objectif : guérir le plus possible de patients, mais aussi les guérir mieux, en diminuant au maximum l'impact à long terme de la maladie elle-même et de ses traitements. »
Davantage de patients guéris
En s'appuyant sur les données de la Childhood Cancer Survivor Study, les auteurs se sont intéressés à l'évolution de l'espérance de vie des personnes diagnostiquées entre 1970 et 1999. Ils ont estimé l'espérance de vie conditionnelle des patients, définie dans l'étude comme le nombre d'années qu'un individu en vie 5 ans après le diagnostic peut s'attendre à vivre. Ainsi, l'espérance de vie conditionnelle est de 48,5 ans pour les personnes diagnostiquées entre 1970 et 1979, de 53,7 ans pour celles diagnostiquées entre 1980 et 1989, et de 57,1 ans pour celles diagnostiquées entre 1990 et 1999. Par rapport aux personnes sans antécédent de cancer, cela correspond à une différence en termes d'espérance de vie de respectivement 25 % (16,5 ans), 19 % (12,3 ans) et 14 % (9,2 ans).
Les avancées thérapeutiques permettent à davantage de patients de guérir : chez les patients traités par chimiothérapie seule, seuls 18 % ont survécu parmi les patients diagnostiqués entre 1970 et 1979 contre 54 % pour ceux diagnostiqués entre 1990 et 1999. De plus, l'écart d'espérance de vie par rapport à la population générale est passé de 11 à 6 ans entre les patients diagnostiqués dans les années 1970-1979 et ceux diagnostiqués entre 1990 et 1990. « À noter que tous les traitements de chimiothérapie ne sont pas équivalents : tous n'ont pas le même impact en termes de qualité de vie et d'espérance de vie », précise la Dr Valteau-Couanet.
Pour les patients traités par radiothérapie, les progrès sont moindres : l'écart d'espérance de vie est respectivement passé de 21 à 17,6 ans pour les patients traités par radiothérapie seule et de 17,9 à 14,8 ans pour ceux traités par radiochimiothérapie.
Mieux prévenir les toxicités
« Dans notre réflexion sur la prise en charge des patients, nous essayons de diminuer autant que possible le recours aux thérapeutiques qui semblent être les plus à risque de générer des séquelles », souligne la Dr Valteau-Couanet. Néanmoins, dans certains cas, la radiothérapie représente la seule option possible pour la guérison du patient.
Malgré les améliorations au fil du temps, les patients ayant survécu à un cancer pédiatrique restent donc une population avec une espérance de vie plus courte que la population générale, qu'il est nécessaire de surveiller sur le long terme. « Ce constat, déjà connu, nous a amenés, à Gustave-Roussy, à mettre en place une consultation de suivi à long terme pour ces patients, ainsi qu'un programme de recherche pédiatrique dédié au devenir de ces patients. La recherche est essentielle pour mieux comprendre et prévenir les conséquences des toxicités des thérapeutiques », conclut la Dr Valteau-Couanet.
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