La carence martiale du jeune enfant est fréquente et ses conséquences, en particulier sur le développement neurologique, sont potentiellement sévères.
Cela a conduit à mettre en place des stratégies de prévention primaire en population. L’augmentation des apports en fer chez l’enfant est en effet quasiment toujours associée à une amélioration de son statut martial, à l’exception de rares situations comme la malabsorption ou l’anémie ferriprive réfractaire. Trois principales stratégies de prévention ont ainsi été développées.
Trois stratégies principales
La première stratégie se fonde sur l’optimisation des apports en fer au moment de la diversification alimentaire, qui débute entre 4 et 6 mois au moment où les stocks de fer accumulés pendant la période néonatale sont épuisés. En France, le Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie (CNSFP) et le Programme national nutrition santé (PNNS) recommandent de consommer 10 g/jour de viande ou poisson (ou un quart d’œuf) jusqu’à l’âge de 12 mois, puis d’augmenter cette quantité progressivement pour atteindre 30 g/jour à l’âge de 3 ans. Il est également préconisé de consommer des fruits et légumes riches en vitamine C au cours du repas afin d’optimiser l’absorption du fer non héminique.
La deuxième stratégie fait appel à une supplémentation en fer, en gouttes par exemple, comme cela se fait au Danemark lorsque les apports en préparation de suite sont inférieurs à 400 mL/jour.
La troisième stratégie se fonde sur la fortification alimentaire, qui correspond à l’enrichissement en fer d’aliments de consommation courante comme la farine de blé – à l’instar de ce qui se fait au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis – ou les préparations de suite et laits dits de croissance.
La fortification du lait
On le voit les stratégies varient selon les pays. L’Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), comme l’Académie américaine de pédiatrie (AAP) soulignent l’équivalence entre fortification et consommation précoce d’aliments riches en fer. Elles mettent aussi l’accent sur la nécessité d’une supplémentation en fer des anciens prématurés jusqu’à l’âge de un an et des enfants n’ayant pas accès à des aliments fortifiés ou riches en fer, entre un et 3 ans. En France, le CNSFP et le PNNS recommandent la consommation de laits de croissance pour tous les enfants de un à 3 ans.
Mais quelle est l’efficacité de ces différentes stratégies et surtout leur efficience, c’est-à-dire leur capacité à toucher les populations les plus à risque de carence martiale, qui sont souvent les populations les plus défavorisées ?
L’efficacité sur le statut martial d’une diversification bien conduite sans supplémentation ni fortification, comparativement à une diversification tardive, a été montrée dans deux essais cliniques dans des pays industrialisés. Une étude transversale danoise a, de son côté, mis en évidence les bénéfices d’une supplémentation sur la prévalence de la carence martiale. De même, comme l’ont démontré six essais cliniques randomisés, la fortification du lait permet de réduire significativement la prévalence de la carence martiale chez des nourrissons âgés de 6 à 30 mois.
L’évaluation de l’efficience de ces différentes stratégies reste complexe. Les études NHANES (National Health And Nutrition Examination Survey), aux Etats-Unis, ont montré la baisse de l’incidence de l’anémie par carence martiale parallèlement à l’implémentation d’un programme nutritionnel dans les populations concernées.
En France, plusieurs études soulignent une évolution positive des apports moyens en fer, considérés comme insuffisants à partir de l’âge de 18 mois en 2005, mais seulement à partir de l’âge de 24 mois en 2013.
Mais, globalement, le niveau de preuves de l’efficience des stratégies de prévention primaire reste insuffisant à l’heure actuelle.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après Sacri AS et al. Quelles stratégies préventives de la carence martiale du jeune enfant ont prouvé leur efficacité en population ? Congrès 2016 de la Société française de pédiatrie, Lille. Et Archives de pédiatrie 2016 ; 23 : 23-5.
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