Alors que le gouvernement italien se lance dans le dépistage de masse en autorisant les tests sérologiques (recherche des IgG et des IgM) par ponction veineuse en laboratoires dans le public et le privé, des pédiatres italiens lancent un pavé dans la mare des discussions sur les enfants porteurs asymptomatiques.
« Entre 42 à 47% de la population pédiatrique, c'est-à-dire âgée de moins de 16 ans, pourrait être asymptomatique et représenter par conséquent, un vecteur de l’épidémie de Covid-19 », a déclaré le Dr Giuseppe Mele, président de la Société italienne des médecins pédiatres (SIMPE).
Un sujet sur lequel les opinions sont divergentes, de nombreux pédiatres italiens mais aussi suisses et français estimant que les données sont insuffisantes en l’état actuel pour pouvoir rédiger un constat de la part joué par les enfants dans la propagation de la SARS-CoV-2. « En Italie, le nombre d’enfants testés positifs par dépistage moléculaire (PCR), le seul test fiable, représente entre 1 et 1,5% du nombre de patients et très peu d’enfants eux ont été hospitalisés », relève le Dr Paolo Biasci, président de la Fédération italienne des médecins pédiatres (FIMP) qui compte 5 000 inscrits.
Des enfants guéris lors du test
Faut-il en déduire que beaucoup de petits Italiens ont échappé au diagnostic, les tests moléculaires étant réservés aux personnes présentant des symptômes évocateurs de Covid-19 puisque, de l’avis des médecins, les enfants contaminés développent moins les symptômes de la maladie que les adultes ? « Les évidences scientifiques mais aussi les faits au quotidien montrent que les enfants sont paucisymptomatiques, c'est-à-dire que les symptômes disparaissent au bout de quelques jours et que leurs conditions ne s’aggravent pas comme c’est le cas chez les adultes », note le Dr Biasci. Les tests sont effectués après que le pédiatre a signalé les symptômes et que ces derniers ont disparu. « Nous signalons les cas de contaminations mais les tests sont effectués après la disparition des symptômes lorsque les enfants sont guéris et ceci fausse les données », ajoute le Dr Biasci.
Pour réaliser un constat réel de la situation et établir la part des enfants dans la population asymptomatique et limiter le risque de propagation avec la réouverture des écoles, il faudrait lancer une opération de dépistage de masse. Ce que l’Italie s’apprête à faire après avoir autorisé les tests sérologiques en laboratoires. « Dans quelques semaines, nous pourrons faire une moyenne et calculer l’incidence de la population asymptomatique et éventuellement la part des enfants, grâce aux tests de dépistage sérologique qui doivent être effectués dans un premier temps sur un échantillon de la population, soit 300 000 personnes selon les intentions du ministère de la Santé », ajoute le Dr Biasci.
Les écoles fermées jusqu'à la rentrée
Mais une question reste sur toutes les lèvres : pourquoi les enfants sont-ils mieux protégés face à la maladie ? « Toutes les épidémies virales sont véhiculées par les enfants. Face au Covid-19, la communauté scientifique se pose plusieurs questions : sont-ils protégés par la vaccination du BCG comme l’ont récemment envisagé certains pédiatres français ? En Italie, elle n’est pas obligatoire et pourtant, les petits Italiens semblent protégés, pourquoi ? », s’interroge le Dr. Biasci.
Selon les intentions du gouvernement italien, les écoles seront fermées jusqu’à la rentrée prochaine. Mais pour éviter une deuxième vague, si l’hypothèse envisagée par la SIMPE est juste, il faudra renforcer la prévention. C'est-à-dire réorganiser les espaces communs et les classes notamment en crèche et en maternelle où la promiscuité est forte. Et aussi, rendre la vaccination antigrippale obligatoire pour les enfants âgés de 6 mois à 14 ans, estime la SIMP afin de pouvoir détecter au plus vite les cas de Covid-19.
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