LES SONS métalliques qui résonnent non-stop dans les casques de MP3 de nos chers ados comme les crêtes à 105 décibels vécues en discothèque ne sont que quelques exemples de « la toxicité du bruit » dénoncée par la SFORL à l’occasion de son 117e congrès, qui avait lieu à Paris le week-end dernier. « Un seul traumatisme détruit de nombreuses cellules et tel un piano qui perdrait plusieurs touches, les cellules touchées au creux de l’oreille peuvent se casser et tout simplement mourir, souligne le Pr Michel Mondain, du CHU de Montpellier. Il ne laisse planer aucun doute sur le caractère irréversible des lésions entraînées par le bruit au-delà de 85 dB. Pourtant, les conseils qu’il délivre pour l’éviter relèvent d’une banale évidence. En réglant, dans un endroit calme, le volume d’un appareil à la moitié de sa puissance, et en utilisant un casque certifié CE limité à 100 dB, on pourrait par exemple profiter de la musique sans modération. En concert ou en discothèque, il estime que « de gros efforts restent à faire », mais une pause toutes les deux où toutes les heures permet déjà, selon lui, de « reposer l’oreille ».
Un maillage pour le repérage.
Un lot de mises en garde pour protéger un capital dont un enfant sur 1 000 ne dispose pas à la naissance. Chaque année, environ 800 nouveau-nés souffrent de surdité congénitale. « Déconnecté du monde, personne ne s’en rend compte et un cerveau pas stimulé dans ses aires auditives nuit gravement au développement du bébé avec des conséquences irrécupérables notamment sur la voix », affirme la pédiatre Edwige Antier, députée de Paris, auteur avec Jean-Pierre Dupont et Jean-François Chossy d’une proposition de loi prônant un dépistage systématique à la naissance (« le Quotidien » du12 juillet).
La croisade de la députée-médecin est menée de concert avec les Prs Bernard Fraysse et Noel Garabedian, qui partagent un triste constat en matière de diagnostic. Avec l’appui de la CNAMTS, qui, dès 2005, avait pris l’initiative de lancer des expérimentations dans six grandes villes de France, la SFORL affirme que notre système médical est en retard. « Même la Croatie fait mieux que nous en termes de dépistage de la surdité à la naissance », déplore Edwige Antier, qui n’a pas hésité à multiplier « les auditions » sur cette question. Aujourd’hui, seul un quart des enfants seraient dépistés précocement et les chances de bénéficier du dépistage sont très inégales selon la région de naissance.
« Il y a donc une injustice et ça ne peut plus durer ainsi », dénonce Noel Garabedian. Il considère que la mise en place précoce d’une communication pour l’enfant est primordiale pour son insertion sociale future et son épanouissement général. Le repérage qu’il conviendrait de généraliser passe par un test simple effectué par le personnel de la maternité. Seul un enfant repéré sur 10 serait vraiment sourd au final.
Pour organiser ce maillage des centres de dépistage et d’orientation de la surdité sur le territoire avec l’appui des agences régionales de santé, Edwige Antier imagine pour démarrer, une coordination plus étroite entre les services ORL des CHU et de la PMI. Un premier pas pour rendre le dépistage accessible à tous en France, martèle le Pr Noel Garabedian. Sans le rendre obligatoire, dans le sens opposable aux parents, ce dépistage est donc désormais inscrit dans une proposition de loi qui devrait être soumise aux députés en novembre ou janvier prochain. L’ORL Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale, ne devrait pas rester insensible à ce projet. En tout cas, Edwige Antier remue ciel et terre pour que son hémicycle ne fasse pas la sourde oreille et torde le cou « à cette injustice ».
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