Le développement des techniques d’analyse de la carte d’identité moléculaire des bactéries a permis de redécouvrir le microbiote intestinal, riche de 40 000 milliards de bactéries douées de fonctions physiologiques, nutritionnelles, immunologiques et métaboliques.
Le microbiote se met en place dès la naissance, sous l’influence de la génétique, de l’environnement, de la diversification alimentaire, du niveau d’hygiène et des traitements éventuels. Assez simple initialement, il se complexifie avec le temps pour se rapprocher du microbiote de l’adulte vers l’âge de 3 ans.
Il a été établi que les enfants nés par césarienne ont un microbiote moins diversifié que ceux nés par voie basse, qui ont été en contact avec les bactéries maternelles. Des études ont également souligné que les antibiothérapies au cours des premiers mois de vie, qui modifient le microbiote par effet direct et indirect (chaîne trophique), sont associées à un risque accru de maladies immunitaires et d’obésité à long terme.
Les publications mettant en évidence un lien entre le microbiote au début de la vie et la santé se multiplient. Dès lors, peut-on moduler le microbiote afin d’avoir un impact sur le développement et la santé de l’enfant ? Les études ont montré que les bifidobactéries prédominent dans le microbiote des nourrissons allaités, ce qui n’est pas toujours le cas chez ceux recevant une formule infantile classique.
Prébiotiques
Cela a conduit à analyser l’impact de certains prébiotiques sur la composition du microbiote, les données observées avec un type de prébiotique ne pouvant toutefois pas être extrapolées à d’autres types. Un mélange de fructo-oligosaccharides et de galacto-oligosaccharides (IcFOS/scGOS, 1/9) a démontré sa capacité à stimuler les bifidobactéries et les lactobacilles ; de ce fait, les enfants recevant une formule infantile enrichie en ce mélange ont un microbiote proche de celui des enfants allaités. Récemment, une étude expérimentale réalisée sur un modèle murin a montré que ces effets sur le microbiote persistent au-delà de la durée de supplémentation, à 6 et 12 mois (1).
D’autres travaux ont souligné les bénéfices de cette même formule enrichie en mélange FOS/GOS sur le taux de Clostridium difficile (moindre) ou sur la production d’acides gras à chaîne courte (accrue), qui jouent eux-mêmes un rôle positif sur la production d’IgA sécrétoires, le pH intestinal ou la qualité de la barrière intestinale.
Cliniquement, le recours à cette formule s’accompagne d’une amélioration de la fréquence et de la consistance des selles et d’une réduction de l’incidence des infections et de la dermatite atopique.
L’intérêt des prébiotiques dans la prévention des allergies suscite un intérêt croissant et, récemment, un panel d’experts de la World Allergy Organization a suggéré l’utilisation d’une supplémentation en prébiotiques chez les enfants non allaités, mais pas chez les nourrissons sous allaitement maternel exclusif (2).
Dr Isabelle Hoppenot
Lors des 17es Journées interactives de Réalités Pédiatriques (JIRP), un symposium Blédina-Gallia « Améliorer la santé digestive des nourrissons pendant les 1 000 premiers jours de vie », d’après les communications des Drs Alexis Mosca, hôpital Robert-Debré, Paris, et Raish Oozeer, Recherche et développement Blédina.
(1) Morel FB et al. Preweaning modulation of intestinal microbiota by oligosaccharides or amoxicillin can contribute to programming of adult microbiota in rats. Nutrition 2015 ; 31 : 515-22.
(2) Cuello-Garcia CA et al. World Allergy Organization-McMaster University Guidelines for Allergic Disease Prevention (GLAD-P) : Prebiotics. World Allergy Organ J 2016 ; 9 : 10.
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