ERUBESCENCE PAROXYSTIQUE, érythème, papules et pustules des zones convexes du visage (joues et menton), télangiectasies : les signes cliniques définissant la rosacée chez l’adulte sont aussi ceux observés chez l’enfant. Il existe en fait essentiellement des formes inflammatoires avec des papulopustules sur un fond érythémateux permanent associées parfois à de fines télangiectasies, siégeant surtout sur les joues. Les érubescences paroxystiques surviennent lors des changements de température, mais elles semblent moins fréquentes que chez l’adulte. La rosacée granulomateuse, caractérisée par des papules érythémateuses évoluant vers une teinte brune, puis des cicatrices déprimées, est également décrite en pédiatrie, elle semble favorisée par les dermocorticoides. En revanche, il n’y a pas de rosacée hypertrophique chez l’enfant. Les manifestations cutanées peuvent apparaître chez le jeune enfant. Dans l’étude rétrospective menée de 1996 à 2005 à Bordeaux, l’âge moyen au moment du diagnostic était de 4,6 ans (médiane 42 mois).
Une évolution chronique.
L’évolution est chronique avec des poussées susceptibles, en l’absence de traitement, de se prolonger pendant plusieurs semaines. Celles-ci suivent volontiers un rythme saisonnier, avec une recrudescence au printemps.
Le principal diagnostic différentiel est l’acné, qui se différencie par une hyperséborrhée et des microkystes ou des comédons, non observés dans la rosacée. En revanche, il est très difficile de la distinguer de la dermite périorale granulomateuse, qui touche plus volontiers les enfants à peau noire, alors que la rosacée est le plus souvent observée sur des phototypes clairs. Ces deux entités appartiennent d’ailleurs probablement au même spectre, précise le Dr Léauté-Labrèze.
Un examen ophtalmologique systématique.
Une atteinte ophtalmologique doit être recherchée systématiquement ; elle précède d’ailleurs souvent les signes cutanés, ce qui était le cas chez 55 % des enfants de l’étude bordelaise. Les parents signalent des épisodes d’atteinte inflammatoire oculaire, généralement étiquetés « conjonctivites allergiques » et traités par des corticoïdes locaux. Les manifestations oculaires vont d’une simple hyperhémie conjonctivale à une kératoconjonctivite avec ulcères de cornée, mais la lésion la plus caractéristique de la rosacée est une moebomite avec une néovascularisation conjonctivale, des télangiectasies au niveau des paupières et des chalazions à répétition. Dans l’étude bordelaise, quatre enfants avaient une kératite dont deux avec des ulcères.
La place centrale du métronidazole.
En première intention, un traitement local par métronidazole topique est proposé, en une ou deux applications quotidiennes suivant l’intensité de la symptomatologie. En cas de mauvaise tolérance, des produits à base d’acide azélaïque ou de nicotinamide peuvent être prescrits. En cas de résistance au traitement local ou d’atteinte très inflammatoire, un traitement per os peut être nécessaire. Chez l’enfant, les tétracyclines sont contre-indiquées avant 12 ans ; le traitement fait donc appel soit aux macrolides, soit au métronidazole, qui est prescrit en première intention en cas d’atteintes ophtalmologiques. Le traitement doit être administré en cures séquentielles de 4 à 6 semaines en raison de sa neurotoxicité, précise le Dr Léauté-Labrèze.
D’après un entretien avec le Dr Christine Léauté-Labrèze, hôpital Pellegrin-enfants, Bordeaux
(1) Chamaillard M. et coll. Arch Dermatol 2008 ; 144 : 167-171
(2) Léauté-Labrèze C et Chamaillard M. Ann Dermatol Venereol 2007;134 :788-92 disponible sur http://www.sfdermato.com/doc/ROSACEE_ENFANT.pdf
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