FAUDRA-T-IL PROPOSER une supplémentation en vitamine D tôt dans les premiers mois de grossesse ? C’est ce qu’on pourrait conclure d’une vaste étude menée dans l’hémisphère sud sur près de 2,5 millions de sujets australiens. L’équipe dirigée par le Pr Anne-Louise Ponsonby vient en effet de montrer qu’une faible exposition maternelle au soleil dans les premiers mois de grossesse était associée à un risque plus élevé de sclérose en plaques (SEP) chez les enfants. L’association est ainsi retrouvée quelle que soit la latitude, ce travail venant à la suite d’une étude dans l’hémisphère nord. Tandis qu’au nord de l’équateur le risque de développer la maladie neurologique est maximal chez les sujets nés en mai et minimal chez ceux nés en novembre, en Australie, il est au plus haut chez les natifs de novembre-décembre par rapport aux chanceux nés en mai-juin. La région de naissance était elle aussi associée au risque de SEP. Après ajustement, la relation inverse persistait entre l’exposition maternelle aux radiations ultraviolettes (UV) au 1er trimestre de grossesse et la maladie démyélinisante.
Pour leur analyse, les chercheurs ont recoupé les données d’état civil (année et mois de naissance, sexe) de tous les sujets nés sur la période 1920-1950 de différents États australiens, à savoir le Queensland, l’Australie occidentale, la Nouvelle-Galles-du-Sud, l’Australie méridionale et la Tasmanie, avec les informations du registre des malades atteints de SEP de 1981. Quant à l’exposition maternelle aux radiations UV ambiantes, elle était estimée par région en unités de dose responsable d’érythème. Ainsi, sur une population totale de 2 468 779 personnes, 1 521 étaient atteints de SEP en 1981.
Effet des UV ou de la vitamine D.
Le rôle de l’ensoleillement est bien connu dans la prévention de la SEP chez l’adulte : moindre incidence dans les régions méridionales, en cas de forte exposition aux UV, d’apports importants en vitamine D et de taux élevés en 25-OHD3. Quoiqu’à ce sujet, une récente étude chez la souris (« le Quotidien » du 5 mai 2010, Proc Natl Acad Sci USA) suggère que le soleil préviendrait la maladie, non pas via un effet sur la vitamine D comme admis jusqu’à présent, mais via l’exposition aux UV. Dans le cas précis de la grossesse et d’un effet sur le fœtus, l’option classique médiée par la vitamine D reste malgré tout très plausible.
Depuis quelques années déjà, le déficit en vitamine D pendant la grossesse est soupçonné dans l’apparition de maladies du système nerveux central et de l’immunité, en particulier la schizophrénie et le diabète de type 1. Alors que les taux sériques de 25-OHD3 sont hautement corrélés à la grossesse entre la mère et le fœtus, l’exposition au soleil durant la grossesse semble ainsi influer la santé de l’enfant à venir. Le phénomène est bien décrit au sein des populations à peau sombre qui migrent au Royaume-Uni et développant des carences en vitamine D. La seconde génération présente des taux plus élevés de la maladie que la précédente. Par le biais de facteurs immunologiques ou neurologiques, l’exposition très tôt dans la vie déterminerait non seulement l’apparition de la maladie mais également la résistance au processus de démyélinisation. Alors que la supplémentation en vitamine D a prouvé son efficacité en prévention de maladies auto-immunes chez l’enfant et l’adolescent et de SEP chez l’adulte jeune, elle mériterait d’être mieux évaluée au cours du développement in utero.
BMJ 2010;340:c1640
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