À l'occasion de la journée de lutte contre les méningites le 2 octobre, le laboratoire GSK communique les résultats d'une enquête sur la perception qu'ont les parents de la vaccination, en particulier contre les méningocoques B. Depuis le 2 juin, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande cette vaccination chez tous les nourrissons, le vaccin Bexsero (GSK) étant le premier et le seul autorisé dans cette tranche d'âge, et le Trumenba (Pfizer) ayant une autorisation de mise sur le marché à partir de 10 ans.
Si neuf parents sur dix connaissent la gravité de la méningite dans l'enquête, trois quarts des sondés ignorent l'existence des différents types de méningite à méningocoque (A, B, C, W et Y). Plus de la moitié des parents souhaitent en savoir davantage sur l'efficacité du vaccin anti-méningocoque B, ses effets indésirables ou encore l'âge auquel il est préconisé de faire vacciner l'enfant.
« Les parents demandent pourquoi il faudrait faire un autre vaccin que celui contre le méningocoque C, explique le Dr Christophe Philippe, pédiatre à Saint-Malo et PH en pédopsychiatrie au centre hospitalier de Plaisir (78). Les parents ne savent pas que le méningocoque B est majoritaire ni que le diagnostic est difficile. » La mortalité des infections invasives à méningocoques (IIM) de type B est importante (5 à 10 %) malgré les traitements, les séquelles graves de l'ordre de 20-30 %. D'autres conséquences sont plus difficiles à évaluer mais possibles comme des troubles des apprentissages. « Et même sans séquelles, il y a des répercussions dans la famille dont un enfant a été touché, c'est un traumatisme », ajoute le pédiatre.
Protection individuelle contre une maladie grave
La recommandation par les autorités sanitaires lève un frein important auprès des médecins mais aussi pour les parents. « Tant que ce n'était pas recommandé, beaucoup de pédiatres et de généralistes, pourtant au courant de la pathologie et de ses enjeux, ne le proposaient pas », rapporte le Dr Philippe.
Alors que le vaccin n'est pas inscrit au calendrier vaccinal, ni obligatoire, ni remboursé, les parents ont besoin d'explications. Le sondage fait ressortir que, pour se décider à faire vacciner leur enfant, la majorité des parents souhaitent en savoir plus sur l'efficacité du vaccin (56 %), les effets indésirables (52 %) et l'âge auquel il est nécessaire de le faire (51 %). « Il n'est pas certain que le vaccin n'empêche pas la transmission au niveau d'une collectivité, mais il assure une protection individuelle de l'enfant, poursuit le Dr Philippe. En Angleterre, où tous les nourrissons ont été vaccinés, les méningites à méningocoque B ont chuté fortement [de 60 à 80 %]. Pour rassurer les parents, j'inscris sur l'ordonnance que le vaccin est recommandé chez tous les nourrissons. »
La vaccination doit commencer avant les deux ans de l'enfant. Deux injections à deux mois d'intervalle sont nécessaires, « au mieux à 3 et 5 mois, sinon plus tard en rattrapage » avec un rappel entre 13 et 18 mois, avant ou lors du deuxième ROR. « Ce schéma permet de les intercaler entre les vaccinations obligatoires, l'hexavalent et anti-pneumocoque à 2 et 4 mois, même si rien n'empêche de faire les trois en même temps, comme le fait l'Angleterre », indique le Dr Philippe. La tolérance est bonne, avec parfois de la fièvre ou des douleurs, surtout en cas de co-injections de différents vaccins. « Dans ce cas, il faut conseiller aux parents de donner du paracétamol », précise le pédiatre.
Le frein du non-remboursement
Le non-remboursement dans cette indication (il l'est à 65 % chez les immunodéprimés et en situation d'épidémie ou de cluster de cas) reste néanmoins un frein important : le vaccin nécessite trois injections au total, chacune coûtant un peu plus de 84 euros. « C'est un vrai problème, reconnaît le Dr Philippe. Mais plus des trois quarts des familles informées acceptent de le faire. Des médecins ne la proposent pas à certaines en difficulté, anticipant qu'elles ne pourront pas le financer. Ce n'est pas au médecin de décider, c'est discriminatif. » De son côté, malgré l'efficacité du vaccin contre une maladie grave, la HAS dans son avis souligne le coût élevé d'une vaccination de masse par Bexsero, l'incidence des IMM restant faible (0,36 pour 100 000 en 2019 avec 88 cas chez les moins de 5 ans et 3 décès) au regard des bénéfices collectifs attendus. « Une forte diminution du prix apparaît ainsi légitime », écrit-elle.
« La situation épidémiologique est stable en France mais incertaine à l'avenir », a indiqué la HAS. Après une baisse constante de l'incidence entre 2006 et 2013 puis une stabilisation jusqu'en 2019, la forte diminution en 2020 pour tous les sérogroupes n'est que conjoncturelle, liée aux confinements et aux mesures barrières. « La reprise d’une vie sociale normale laisse présager une possible reprise épidémique des IIM en France », écrit la Haute Autorité.
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