« Chez les adolescents ayant une obésité sévère, la chirurgie bariatrique peut-elle attendre jusqu'à l'âge adulte ? », c'est ainsi qu'un éditorial résume la problématique soulevée par le consortium américain Teen-LABS dans une étude publiée dans « The New England Journal of Medicine » avec le soutien des Instituts nationaux de la santé américains.
En comparant le devenir à 5 ans de deux cohortes indépendantes après bypass – l'une chez 161 adolescents (13-19 ans), l'autre chez 396 adultes (25 à 50 ans) –, l'équipe dirigée par le Dr Thomas Inge (université du Colorado) montre que la perte de poids est aussi marquée dans les 2 groupes (-26 % versus - 29 %).
Mais, plus intéressant encore, la rémission du diabète et de l'HTA s'avère significativement plus importante chez les adolescents opérés, respectivement de +27 % et de +51 % pour chacune de ces deux pathologies par rapport aux adultes.
Enrayer précocement un cercle vicieux
La question du timing de la chirurgie bariatrique est prégnante aux États-Unis, et plus largement dans les pays développés. Comme le Dr Ted Adams l'explique plus loin dans l'éditorial, « la plupart des adolescents qui sont obèses le restent à l'âge adulte, et les adultes obèses qui l'étaient à l'adolescence sont en plus mauvaise santé que les sujets qui le deviennent à l'âge adulte ». Récemment, « le Quotidien » avait rapporté les résultats d'un essai (PHRC) mené à l'hôpital Bicêtre.
Dans l'étude américaine, avant la chirurgie, il y avait 14 % de diabète parmi les adolescents et 31 % chez les adultes ; à 5 ans, les chercheurs ont constaté une rémission chez 86 % des adolescents et 53 % des adultes.
Ces bons résultats ne doivent pas occulter d'autres observations plus préoccupantes, notamment la carence en micronutriments chez les jeunes patients. Et si la mortalité à 5 ans est similaire dans les 2 groupes (3 adolescents et 7 adultes), le Dr Ted Adams s'interroge sur le fait « troublant » que deux décès sur les trois constatés chez les adolescents sont rapportés à une overdose.
Carence en micronutriments
Les auteurs rejoignent l'éditorialiste sur le risque nutritionnel, déjà rapporté précédemment et retrouvé ici par une baisse du taux de ferritine et de vitamine D dès les premiers mois après la chirurgie. La carence en micronutriments, rapportée à une moins bonne observance de la supplémentation postopératoire, pourrait rentrer dans l'ordre à l'âge adulte, espèrent les auteurs.
Quant au risque de réinterventions, les auteurs ont du mal à se l'expliquer (19 vers 10 pour 500 personnes-années), hormis en raison d'une propension à réagir plus vite chez ces patients plus jeunes.
Les auteurs mettent en avant les bénéfices à intervenir précocement tout en reconnaissant qu'un suivi à plus long terme est nécessaire pour se prononcer avec plus de certitude. Dans l'intervalle et dans l'attente de nouvelles approches de l'obésité chez l'adolescent, l'éditorialiste appelle à prendre des décisions « au cas par cas ».
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