LE PROBLÈME des enfants dyslexiques (5 % des enfants scolarisés) est le suivant : il leur faut un an pour acquérir le nombre de mots que lit un bon lecteur en quelques jours. Les techniques orthophoniques visant à développer la conscience phonologique de l’enfant ne sont pas toujours faciles à mettre en œuvre dans le cadre de l’école et, surtout, elles ne débouchent pas automatiquement sur une amélioration effective des capacités de lecture.
Les auteurs, parce qu’ils pensent que l’espacement entre les caractères d’imprimerie est un facteur important dans la lenteur persistante de lecture chez le dyslexique, ont testé une approche encore insuffisamment prise au sérieux : la simple modification de l’espacement des mots à lire. Chez l’enfant d’âge scolaire, le phénomène de masquage latéral visuel (crowding) affecte en effet la perception périphérique (comme chez l’adulte) mais aussi la perception centrale des graphèmes.
L’évaluation a porté sur 74 enfants dyslexiques (âge moyen : 10,4 ans), français (40) et italiens (4). Pourquoi ces deux nationalités ? Pour tester le rôle du crowding dans une langue dite « transparente » (où la correspondance entre graphèmes écrits et phonèmes parlés est univoque), à savoir l’italien, et une langue plutôt « opaque » (correspondance entre graphèmes et phonèmes variable), le français.
Dans le texte à lire (24 phrases courtes, sans rapport de sens les unes avec les autres), l’espacement entre les lettres était accru de 2,5 points typographiques (1 pt = 0,353 mm) pour l’expérience. Chaque enfant lisait, à deux semaines d’intervalle, le même texte, avec espacement normal ou avec espacement élargi, mais dans deux ordres : soit (groupe 1 d’enfants) en lisant la première fois (T1) le texte standard, et la deuxième fois (T2) le texte « espacé », soit (groupe 2) l’inverse (texte espacé puis texte standard).
L’équivalent d’une année d’amélioration.
Les performances de lecture (nombre d’erreurs et vitesse de lecture) sont significativement améliorées avec le texte espacé, quel que soit l’ordre de succession. L’équipe de J.-C. Ziegler et Catherine Pech-Georgel (Marseille) a calculé que l’accélération de la lecture en texte espacé est de l’ordre de 0,3 syllabes/sec, ce qui correspondrait, chez les enfants italiens, à une amélioration généralement obtenue au cours d’une année scolaire.
Dans un autre test, les performances de 30 enfants dyslexiques italiens (âge moyen : 10,9 ans) ont été comparées à celles de lecteurs normaux (âge moyen : 7,8 ans), appariés pour le QI et le niveau de lecture (ce qui explique l’âge supérieur des dyslexiques). L’effet de l’espacement du texte est significatif chez les dyslexiques, mais non chez les lecteurs normaux. Enfin les chercheurs franco-italiens ont répété l’expérience (chez les enfants dyslexiques italiens) deux mois plus tard (T3), avec 14 enfants dans le groupe où la succession est « texte normal - texte espacé - texte normal » et 11 autres lisant dans l’ordre « espacé - normal - espacé ». Les enfants qui avaient connu une amélioration lors du passage du texte normal (T1) au texte espacé (T2) font à nouveau plus d’erreurs lors du retour au texte normal à T3. Inversement, les enfants qui avaient régressé lors du passage espacé (T1) à normal (T2), retrouvent leurs performances initiales à T3 (texte espacé).
Ziegler Johannes C. et coll. Proc Natl Acad Sci USA (2012) Publié en ligne
Parallèlement à ces travaux de recherche, une application pour iPad et iPhone a été développée par le laboratoire de psychologie cognitive. Destinée aux parents et aux patients, DYS est gratuite et disponible en français (voir la démonstration en vidéo).
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