LA PRÉVALENCE de la dermatite atopique (DA) augmente considérablement depuis une vingtaine d’années. Les enquêtes réalisées dans les années 1960 indiquaient des prévalences inférieures à 5 %, alors qu’elle est de 13 à 20 % chez les enfants dans les études récentes réalisées en Europe. Des auteurs ont rendu compte de ces données en les mettant en relation avec des modifications du style de vie. Selon cette théorie « hygiéniste », les enfants seraient moins au contact de facteurs importants pour le développement du système immunitaire muqueux et général.
La physiopathologie de la DA fait actuellement une large place aux allergènes ou atopènes, qui peuvent être des acariens, des phanères ou des aéroallergènes comme les pollens, qui sont en contact avec la peau. Les lésions inflammatoires nécessitent une présentation de peptides d’allergènes par des cellules dendritiques à des lymphocytes T. Une libération de médiateurs entraînera les lésions inflammatoires et prurigineuses.
Le traitement fait appel à la lutte contre l’inflammation, les phénomènes immunologiques et l’infection à staphylocoque et conduit à distinguer le traitement des poussées du traitement d’entretien. Lors des poussées, l’antibiothérapie par voie générale lutte contre le staphylocoque doré. De nombreux antibiotiques sont efficaces, notamment les macrolides et apparentés. Cette antibiothérapie doit être prolongée au moins 15 jours à 1 mois. Les traitements antiseptiques sont l’objet de discussions. L’antibiothérapie locale, quant à elle, très prisée au Royaume-Uni, est peu préconisée lors des poussées.
Contre l’inflammation.
La lutte contre l’inflammation fait appel depuis plus de 30 ans aux dermocorticoïdes, considérés comme le traitement majeur. Ils doivent être appliqués sur les lésions, une fois par jour, de préférence le soir pour soulager l’enfant avant le sommeil. L’utilité d’un arrêt progressif n’est pas démontrée. De nombreux experts considèrent le traitement intermittent comme efficace. Le développement des inhibiteurs de la calcineurine topiques est une innovation importante. Le tacrolimus est indiqué dans la DA modérée à sévère de l’enfant de plus de deux ans, en cures courtes ou en traitement au long cours intermittent (2 fois par jour), en cas de réponse inadéquate ou d’intolérance aux traitements conventionnels, tels que les dermocorticoïdes. Le pimecrolimus n’est pas encore disponible en France.
Le traitement d’entretien, quant à lui, doit avoir pour objectif de prévenir les poussées. L’éducation thérapeutique et une prise en charge pluridimensionnelle médicale, psychologique et environnementale, sont des éléments essentiels du traitement de cette affection chronique. Associée au traitement curatif, l’éducation thérapeutique permet de repositionner « le patient comme acteur de la prise en charge de sa maladie ». Elle constitue une approche nouvelle qui a principalement pour finalité « d’améliorer l’alliance thérapeutique entre le soignant, le soigné et son entourage pour permettre une prise en charge optimale. » Son efficacité a été démontrée dans plusieurs études. Elle ne doit pas être réservée aux centres spécialisés, mais être intégrée aux pratiques professionnelles. La corticothérapie locale doit être mise en œuvre au moindre doute clinique sur une poussée.
D’après la communication du Pr Yves de Prost, hôpital Necker-Enfants-Malades Paris.
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