Bien que rare, le botulisme reste présent en France, avec des formes inhabituelles et graves, principalement liées à une contamination alimentaire. Ce qui justifie le maintien de sa surveillance, pour identifier les foyers et accélérer le retrait du marché ou de la distribution familiale impliqués. La maladie fait l’objet d’une déclaration individualisée obligatoire depuis 1986. Le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » présente la situation entre 2013 et 2016, et pointe notamment deux foyers pour lesquels les souches étaient encore inconnues en France, ainsi que 6 cas de botulisme infantile.
Comme le résument Michel R. Popoff et coll. : « Trente-neuf foyers de botulisme confirmés (67 cas) et 3 suspects (4 cas) ont été identifiés : 6 foyers de type A (10 cas), 26 de type B (46 cas), 2 de type F (5 cas) et 5 de type indéterminé (6 cas). Le botulisme alimentaire concernait 36 foyers (65 cas) et le botulisme infantile a été confirmé chez 6 nourrissons. Tous les cas de botulisme alimentaire de type A et F étaient des formes sévères. Deux décès en lien avec une intoxination botulique (de type A2 et B4) ont été enregistrés pour cette période. »
Principalement des charcuteries et conserves
L’aliment responsable a été identifié dans 15 des 36 foyers de botulisme alimentaire. Produits de charcuterie de préparation familiale ou artisanale, charcuteries de préparation familiale ou artisanale, pâté de faisan et conserves d’asperges ont été mis en cause. Mais « le fait marquant (…) a été la survenue de deux foyers de botulisme de type F à C. baratii F7 », rapporte le « BEH ». « Ce sont les deux premiers foyers de ce type rapportés en France. » Pour l’un, l’origine était inconnue, mais l’autre (qui ne semble pas relié) avait pour origine de la viande de bœuf d’origine industrielle utilisée pour la préparation de sauce bolognaise.
Les formes infantiles, une possible contamination environnementale
Le « BEH » indique par ailleurs que 6 cas de botulisme infantile ont été confirmés, avec, chez un enfant, une forme chronique dont la souche était résistante aux pénicillines et au métronidazole. « Il s’agit du premier cas décrit de souche de C. botulinum résistante à des antibiotiques », précisent les auteurs. Comme l’indique au « Quotidien » le Dr Michel-Robert Popoff, responsable de la structure « Toxines bactériennes » à l’Institut Pasteur et coauteur de l’article, « le botulisme infantile est rare en France, contrairement à d’autres pays comme les États-Unis où il représente la forme la plus fréquente de botulisme. Il est essentiellement dû à l’ingestion de spores à partir de l’environnement qui, chez le jeune enfant, entraîne une colonisation intestinale et la production de toxine in situ ».
Aucun aliment n’a été identifié à l’origine des cas de botulisme infantile, mais une contamination environnementale a été suspectée chez 3 d’entre eux. Les facteurs de risque envisagés étaient par exemple « la proximité d’une centrale thermique qui relâchait de la vapeur d’eau ainsi que de la fumée et des poussières de façon intermittente » ou « des travaux de terrassement (…) près du domicile ».
Une précédente édition du « BEH », portant sur les années 2007-2009, signalait que « le premier cas de botulisme infantile identifié en France a été confirmé en 2004. Depuis, une dizaine de cas ont été diagnostiqués à raison de 1 à 3 cas par an. Cette augmentation d’incidence reflète peut-être une meilleure prise en considération de cette forme de botulisme ».
Un diagnostic souvent tardif
Les signes cliniques les plus fréquemment rapportés pour l’ensemble des cas étaient : paralysie oculomotrice (notamment diplopie), paralysie laryngée (avec en particulier dysphagie), sécheresse de la bouche et constipation ; mais aussi une paralysie des membres et du diaphragme ; et des signes digestifs tels que nausées, vomissements, diarrhée. Les auteurs ajoutent que la rareté de la maladie entraîne un diagnostic souvent tardif, « ce qui entrave l’efficacité du traitement par sérothérapie ». Le botulisme infantile reste plus difficile à suspecter (du fait de la confusion avec d’autres symptômes et de l’absence fréquente d’aliment à risque).
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